La famille Chauvelin (ou de Chauvelin) était à l'origine, en tout cas jusqu’au début du 17ième siècle où elle s’éteignit sur Moulins-Engilbert, une famille de la bourgeoisie moulinoise. Une branche, celle descendant de Toussaint Chauvelin et de Geneviève de Brée, était très liée à la Cour et donc à l’administration du royaume. Cette lignée - celle de Rilly et du vendômois (Loir-et-Cher) - s'établit à Paris vers 1530, laquelle devait générer six (6) branches, dont celles de Crisenoy qui devait se spécialiser dans des activités d'office et la diplomatie, les autres branches, de Richemont et Beauregard en particulier, allant s'investir dans des carrières militaires.

Les branches restées à Moulins-Engilbert étaient commerçantes et Jehan de Chauvelin, issu du deuxième lit Toussaint – Marie Malingre, est noté comme marchand. Plilibert de Chauvelin (ca 1515 – 1597), frère de Toussaint, fut archiprètre, un autre frère, Guillaume, fut également marchand. Pierre de Chauvelin (1608 - /1656), issu du lit de Jehan avec Françoise Gornillat, fut en revanche noté comme notaire ; une fille de ce même lit, Françoise (née en 1564), fut mariée avec Jehan Reullon (1555 - 1622), marchand à Moulins-Engilbert. Quant à Pierre de Chauvelin, procédant de Guillaume, il était connu comme fourrier de l’écurie du Roi. Suivant Jean Jaubert (1837), c’est un des enfants de ce dernier Pierre qui se serait installé à Paris. En fait, la lignée moulinoise allait bientôt rejoindre la lignée vendômoise à Paris.

Dans ces confitions, Germain Louis de Chauvelin (1685 – 1762), qui a commencé sa carrière en 1706 par l'achat des offices de Le Menestrel de Marc, n’est pas né à Moulins-Engilbert, comme la généalogie locale nous l’a laissé croire, ni à Paris comme certaines encyclopédies le mentionnant nous l’annoncent, mais à Amiens, dans l’actuel département de la Somme. En revanche, ses ascendants, qui n’ont pas toujours porté la particule, procédaient lointainement de Moulins-Engilbert. Germain-Louis faisait partie d'une fratrie de six (6) enfants, dont Louis de Chauvelin, l'aîné, dit Louis IV, intendant à Tours de 1710 à 1714, qui détenait un office d'avocat général au parlement de Paris, office qui allait être repris à sa mort en 1715 par Germain-Louis ; son père, Louis Chauvelin (1641 – 1719), dit Louis III, marié en 1682 avec Marguerite Billard, était Ecuyer, Conseiller au Parlement de Paris puis Conseiller d’Etat, et était alors intendant en Picardie de 1684 à 1694 lorsque survint la naissance du deuxième enfant, qui était Germain-Louis ; son grand-père, Louis Chauvelin également, dit Louis II, était écuyer, seigneur de Crisenoy, dans la Brie. Il s’était marié en 1640 avec Claudine Bonneau, fille de Thomas Bonneau, contrôleur général à la ferme générale des gabelles de 1632 à 1655 ; c'est lui qui s'allia avec Michel Le Tellier, marquis de Barbezieux, seigneur de Chaville et de Viroflay (1603 - 1685), qui occupe successivement les postes de conseiller d'état au Grand Conseil en 1624, de procureur du roi au Châtelet de Paris en 1631, de maître des requêtes en 1639, puis comme intendant de justice dans l'armée de Piémont en 1640. Cette alliance donne le vrai départ des Chauvelin vers les plus hautes fonctions du royaume.

L’arrière grand-père, encore un Louis, écuyer, receveur de domaine à Paris, conseiller au Grand Conseil, s’était marié avec Marie Robert. ; il descendait de François Chauvelin, Ecuyer, Procureur au Parlement de Paris, Procureur Général de Marie de Médicis ; il s’était marié avec Marie de Charmolüe, issue d'une famille parisienne proche du "Grand Conseil" du Roi, fille de François, seigneur de la Broye (canton de Vaud, Suisse), laquelle avait un frère (1652 - ?), Claude Bernard, officier de cavalerie, qui était seigneur de Neuvesmaisons et de Courcelles, en Lorraine. Son père – l’arrière-arrière grand-père -, Toussaint Chauvelin, embrassait les mêmes fonctions. Né en 1510 à Rilly-sur-Loire, il décéda en 1564 à Paris. Il se maria deux fois, en 1539 avec Geneviève de Brée, fille d'une vieille famille seigneuriale de la Mayenne proche de la Cour, et en 1555 avec Marie Malingre, fille de Nicolas Malingre, procureur en la chambre des comptes, la lignée de Germain-Louis descendant du premier lit. Ses nom et prénom figurent sur l'édition de 1724 des Coutumes d'Etampes, de celles d'Auvergne, etc, et du Nouveau Coutumier Général de France et des Provinces. A ce niveau, les généalogies consultées divergent : l'une présente Toussaint Chauvelin descendant d’André Chauvelin, avocat au Parlement, qui se maria en 1510 avec Gabrielle Henault, l'autre le fait descendre de Toussaint de Chauvelin (ca 1490 - ca 1550), lequel a été identifié comme procureur à Moulins-Engilbert…

La relation, qui n'est pas encore totalement établie à nos jours, daterait donc de la période Henri IV - François Ier.

Quant à Germain Louis de Chauvelin, devenu marquis de Grosbois, domaine et château (actuellement dans le Val-de-Marne, commune de Boissy-Saint-Léger) acquis dès 1732 de Samuel-Jacques Bernard (1686 - 1753), il devait se marier en 1718 avec Anne Cahouët de Beauvay (1695 – 1758), fille du Premier président du bureau des finances de la généralité d'Orléans, avec laquelle il eut cinq enfants, dont deux garçons, le premier, Henri Philippe de Chauvelin (1714 - 1770), que l'on dénomma "l'abbé de Chauvelin", en fait chanoine de Notre-Dame de Paris et conseiller-clerc au Parlement de Paris, le second, François Claude Bernard Louis de Chauvelin (Paris, 1716 - Versailles, 1773), marquis de Chauvelin, qui fut diplomate, militaire et écrivain français, correspondant de Voltaire : lieutenant général, il était grand-maître de la garde-robe de Louis XV ; identifié sous les prénoms de Claude Louis, il était également gouverneur de Brie Comte Robert et devait mourrir dans des conditions controversées, certains disent à la suite d'un duel, d'autres affirment qu'il mourut d'apoplexie à la table de jeu du roi. Les quatre enfants restants eurent à leur tour une bonne quinzaine de petits-enfants (pour la matrilinéarité : des Acres de l’Aigle, de la Rochefoucault de Surgère, Chamillart notamment)… Parmi eux, notons en particulier Louis François de Chamillart (1751 - 1833), Marquis de la Suze et de Courcelles, Grand-Maréchal des Logis de France, fils d'Anne Madeleine de Chauvelin de Grobois et de Michel Chamillart. Du côté de la desendance mâle, on retiendra surout un certain Bernard François, marquis de Chauvelin (1766 - 1832), fils de François Claude Chauvelin, déjà cité, qui fut Préfet du département de la Lys (actuellement en Belgique) du 9 février 1804 au 3 novembre 1810, et était Baron d’Empire avant 1810 et Comte d’Empire le 10 avril 1811. Après avoir été intendant général de la Catalogne, il fut élu sous la Restauration, le 20 septembre 1817, député de l'opposition par le collège de la Côte d'Or, et prit place à l'extrême gauche, demanda en outre le rappel des conventionnels proscrits, le renvoi des régiments suisses, défendit la liberté de la presse, fut réélu en 1822 dans l'arrondissement de Beaune et en 1827 dans l'arrondissement de Dijon malgré une pression gouvernementale sans exemple. Il donna sa démission en 1829 et se retira à Cîteaux où il mourut trois ans après d'une attaque du choléra, pendant un voyage à Paris. Il fut également membre du conseil général de ce même département.

Germain Louis Chauvelin a été, entre autres fonctions, Garde des Sceaux et secrétaire d’Etat aux Affaires Etrangères avant d’être exilé en 1737 par le cardinal de Fleury.

Hormis Moulins-Engilbert, qui est à l’origine lointaine de cette prestigieuse lignée, et Amiens, toutes villes déjà citées, les de Chauvelin sont non seulement vus, évidemment, à Paris, place Maubeuge plus précisément, mais encore, pour ne citer que les communes les plus significatives, à Blois, Brignolles (Var), Cabasse (Var), Dijon (Côte d’Or), Béruges (Vienne), Lamballe (Côte d’Armor), Orléans et surout à Rilly-sur-Loire (Loir-et-Cher), près de Chaumont-sur-Loire, berceau historique de la lignée parisienne au château de la Haute Borde, avec la lignée de Beauregard dont fait partie la desendance de l'actuel comte Louis de Chauvelin (né en 1924). Trois (3) naissances sous ce patronyme vont encore être constatés dans cette commune pour la période 1941 - 1965, après quoi la famille se déplace à Brignolles, dans le Var.

Contrairement à ce qu’on supposerait depuis Moulins-Engilbert, le patronyme, avec ou sans particules, suivi ou non de Grosbois, de Beauséjour ou de Beauregard, n’est pas éteint.

Source : Généanet, 2007, Patrick Pougault pour la généalogie de Moulins-Engilbert ; Michael Goachet pour les ascendants de Louis Germain Chauvelin ; Alix Brébant, 2004 ; Wikipedia et Encyclopedia Britanica, 2007.

 Sur Germain Louis de Chauvelin, marquis de Grosbois :

Le fils DE CHEMERAULT, Jean Noël racheta la terre de Turny (actuellement rattachée à Chailley, commune de Chailley-Turny, dans l'Yonne, NDLR) en empruntant 50 000 livres. Cette somme fut remboursée à ses créanciers grâce à la dot de sa femme, Françoise Hèlène DE MOREUIL.

Il mourut très tôt en 1710 sans enfant. La jeune veuve se retira au château de Turny où elle vécut très âgée, dans l'isolement.

Avant de mourir, le Comte son mari, avait pris des dispositions testamentaires en faveur de Monsieur DE CHAUVELIN, né en 1685 à AMIENS.

Celui-ci était :
- Conseiller au grand Conseil (1706)
- Maître des requêtes (1711)
- Avocat Général au Parlement de Paris, 1715
- Secrétaire d'Etat des Affaires Etrangères sous Louis XV, en 1717.
- Président à mortier au Parlement de Paris (1718)
- puis devint Mécène du Cardinal FLEURY
et enfin :
Garde des Sceaux de France (1727-1737)

Il est à noter que le testament fut contesté puis attaqué en justice par une famille AUREFFERE qui se disait héritière légale.

Monsieur DE CHAUVELIN, à l'apogée de sa gloire, n'avait que 40 ans. Il fut trahi par la Cour qui conseilla le Cardinal après de terribles accusations.

Monsieur DE CHAUVELIN fut exilé à Bourges et plus tard en Auvergne. En 1737, pendant le temps de sa disgrâce, il fit quelques apparitions à Turny. Il mourut à Paris en 1762, à 77 ans.

Sources : Alain Garric, Geneanet, 2007.