Le District de Moulins-la-République ( 22 décembre 1789 - 24 brumaire An IV )


Plusieurs arguments ont été retenus pour l'élection de Moulins-Engilbert - Moulins-la-République - au statut de chef-lieu de district (on dirait maintenant "arrondissement").

- C'était une des plus importantes chatellenies du Nivernais fondée au début du 13ième siècle par Hervé de Donzy. Elle comprenait alors 145 fiefs, la troisième du comté de Nevers. Au 16ième siècle, on dénombrait encore 130 fiefs.
- Elle disposait d'un bailliage qui pouvait régler les sentences rendues par les diverses justices seigneuriales.
- Elle était le siège d'un archiprêtré établi par mandement épiscopal dès 1281. Cet archiprêtré comprenait les paroisses de : Moulins-Engilbert, Limanton, Anizy, Montigny-sur-Canne, La Chapelle de Viridi Prato (Isenay ?), Saint-Gratien, Savigny-sur-Canne, Cercy, Codes, Taix, Maisons-en-longue-Salle (auj. Fours), Maulaix, Rémilly, Saint-Honoré, Préporché, Nourry, Vandenesse, Montaron, Pouligny, Saint-Michel-en-longue-Salle, Commagny, Onlay, Sozay, Chevannes-lès-Montarons, Avrée.
- Elle possédait un Grenier à Sel depuis 1520.
- Elle était le siège d'un des six (6) arrondissements de la Généralité de Moulins-en-Bourbonnais (actuellement Moulins-sur-Allier).

Lors de la formation de ce district, au cours des élections du 10 août 1790, il y eut une contradiction avec Luzy qui postulait également à l'élection de chef-lieu de district, celle-ci arguant qu'elle était mieux reliée aux villes que Moulins-Engilbert, vues les distances et l'état des chemins.

Une fois constitué en fonction du décret du 22 décembre 1789, le district se composa de cinq (5) cantons :
- Moulins-Engilbert (qui allait devenir Moulins-la-République), 10 communes
- Luzy, 9 communes
- Châtillon-en-Bazois, 8 communes
- Montigny-sur-Canne, 6 communes
- Larochemillay, 6 communes

Le canton de Moulins-la-République comprenait les communes de Commagny, Sermages, Onlay, Limanton, Maux, Anizy, Vandenesse, Honoré-la-Montagne (ex St-Honoré), Moulins-la-République (ex Moulins-Engilbert).

Le canton de Luzy comprenait les communes de Luzy-Ville, Luzy-Forains, Tazilly, Fléty, Savigny-Poil-Fol, Rémilly, Avréé, Semelay, Lanty.

Le canton de Châtillon-en-Bazois comprenait les communes de Châtillon-en-Bazois, Frasnay, Alluy, Biches, Brinay, Tamnay, Tintury, Maingot.

Le canton de Montigny-sur-Canne comprenait les communes de Montigny-sur-Canne, Isenay, Montaron, Sozay (orthographié actellement Sauzay), Pouligny, Chevannes-Saint-Barthélémy (qui l'on dénomma plus tard par Chevannes-sous-Montaron).

Le canton de Larochemillay comprenait les communes de Larochemillay, Saint-Gengoult, Millay, Chiddes, Poil et Villapourçon.

Les cantons subsisteront après la suppression des districts en 1793 à l'exception de ceux de Larochemillay et de Montigny-sur-Canne qui vont disparaître à l'occasion de la formation des nouveaux arrondissements en 1801. En revanche, des communes vont disparaître, provisoirement ou définitivement, par fusion avec d'autres.

- Saint-Gengoult et Poil seront réunies à Larchemillay en l'An IV ;
- Chevannes-Saint-Barthélemy (actuellement Chevannes) et Pouligny seront réunies à Montaron en l'An II ;
- Sermages et Commagny seront réunies à Moulins-Engilbert en l'An II et l'An III;
- Sozay (Sauzay) a été réunifiée à Isenay en l'An IV ;
- Honoré-la-Montagne (Saint-Honoré) sera rattachée à Préporché pendant deux (2) ans, de l'An II à l'An IV. Une telle décision peut paraître surprenante actuellement, mais il faut savoir que Préporché avait en ce temps-là deux fois plus d'habitants que Saint-Honoré !

Le District siégera à Moulins-la-République en la maison Simmonnet de la place de la Liberté (anciennement place Notre Dame dénommée actuellement place Lafayette, ce depuis 1831), puis en l'ancien parloir des Ursulines, l'actuel pavillon Saint-Vincent.

Un Conseil Général, de douze membres, était constitué avec un Président, qui devait se réunir une fois par an en session ordinaire, et en session extraordinaire autant de fois que nécessaire. Un directoire de District, de quatre membres, en était issu, qui devait être en fonction toute l'année avec, autant que faire se peut, des réunions plusieurs fois par semaine. Un procureur-syndic de district veillait au bon fonctionnement de l'institution.

Les administrateurs du district furent :
- 2 Ventôse An II : François-Marie Poulet
- 17 Germinal An II : Jean Boizot, père
Au temps de la Convention, des agents nationaux chargés de la bonne exécution des lois furent :
- 2 Brumaire An II : Jean-Baptiste Dubois
- 29 Prairial An III : Henri-Guillaume Alloury et Paquet
- 3 Ventôse An III : Guillaume Thollé.

Les tâches et attributions furent essentiellement :
- le "répartement" des impôts sur les communes du district ;
- l'inventaire du patrimoine religieux ;
- la réparation et l'entretien des chemins ;
- la négociation de gros dossiers comme la construction de l'axe routier Château-Chinon - Decize par Moulins
- l'entretien des ponts, des aqueducs et des fossés de la ville de Moulins par l'établissement d'une taxe sur la distribution des vins dans les cabarets de la ville (ces taxes allaient être supprimées en 1791)
- la gestion du prix des denrées alimentaires fondamentales comme le pain, le sel, etc, et de l'acheminement du grain et de la viande en cas de disette
- la levée des recrues pour la Garde Nationale, l'Armée, etc.

Sources : Gabriel Vannereau, Moulins-la-République, 1962 ; Albert Rabion, Moulins-Engilbert à travers le temps, 1910.