HABITAT DISPERSE ET HABITAT REGROUPE : COMMENT L'APPREHENDER

Appréhender par une valeur arithmétique un habitat dispersé ou groupé peut paraître osé dans la mesure où la frontière est loin d’être claire entre l’un et l’autre. Pour être réaliste, il y a toute une palette d’habitats suivant les opportunités géologiques, topographiques et hydrologiques du terrain et, surtout, pour l'habitat ancien, des points d’accessibilité à l’eau. Les habitats dispersés se développent surtout sur les régions bien arrosées à fort pouvoir de ruissellement et beaucoup moins là où le ruissellement se fait rare et là où les nappes phréatiques sont profondes et difficiles d’accès. Inversement, les bourgs, paroissiaux ou communaux, seront d’autant plus petits et inachevés que l’habitat alentour sera dispersé, et d’autant plus gros, structurés et constitués, que l’environnement rural sera pauvre en opportunités d’habitation.

Méthode d'approche :

C'en est une parmi d'autres, c'est pourquoi nous ne nous avançons pas sur sa pertinence. Pour être honnête, disons que nous sommes ouverts à toute autre proposition d'approche.

Pour appréhender ce phénomène :

- nous avons pris en considération le nombre de lieux-dits sur une commune, attendu qu’un lieu-dit se conçoit habité ou non, naturel ou humain, en ne sélectionnant, autant que faire se peut, que les lieux-dits d’origine humaine, à savoir tout groupement de constructions à usage d’habitations allant de l’habitation unique à une agglomération franchement constituée d’habitations qui peut très bien être une ville, un village, un bourg paroissial, économique et administratif - ce dernier ayant très souvent donné le nom à la commune qu’il administre.

- La surface de la commune est recherchée, ainsi que son nombre d’habitants donné par le dernier recensement.

- Le nombre moyen de kilomètres linéaires entre chaque lieu-dit est calculé à partir de la surface exprimée en hectares et le nombre de lieux-dits recensés par communes : pour ce faire, nous avons extrait la racine du quotient de la surface sur le nombre de lieux-dits que nous avons divisé par dix (10) pour avoir un résultat kilométrique moyen.


DRD est la distance de regroupement-dispersion exprimé en kilomètre linéaire ;
S est la surface exprimée en hectares ;
NLD est le nombre de lieux-dits pas commune

- Nous avons calculé le nombre moyen d’habitants par lieu-dit habité (ou censé l’être) en mettant en rapport le nombre d’habitants de la commune avec son nombre de lieux-dits recensés.

- Enfin, nous avons mis en rapport le nombre moyen d'habitants par lieux-dits sur le nombre moyen de km linéaire entre chaque lieu-dit pour établir un indice de " regroupement-dispersion " que nous avons comparé avec le calcul classique de la densité des populations, c’est à dire le rapport du nombre d’habitant avec la surface kilométrique de la commune.

Interprétation :

- On remarquera que la valeur obtenue de l’indice est comparable à celle de la densité humaine classique. Ce qui veut dire qu’il y a des différences significatives, positives ou négatives, entre cet indice et la densité comme base de comparaison, l’indice nous paraissant mieux refléter la situation réelle de l’habitat par rapport à la densité (qui n’est autre que le nombre moyen d’habitants par km² d’une commune).

- Plus l’indice baisse, plus l’habitat est faible et dispersé, plus l’indice est élevé, plus l’habitat est dense et concentré. Les indices bas sont surtout représentatifs des communes rurales comme Isenay, Préporché, Maux... ; les indices élevés ne concernent que deux communes relativement urbanisées, Moulins-Engilbert et Saint-Honoré-les-Bains.

- Certaines communes présentent un indice plus faible que celui de leur densité : cela veut dire que certains lieux-dits habitables ne sont pas habités et que la commune, soit se dépeuple, soit n’est pas encore ou n’est plus saturée quant à l’occupation optimale de son patrimoine immobilier ; c’est le cas d’Isenay, de Moulins-Engilbert, d’Onlay, de Préporché, de Sermages, de Vandenesse et Villapourçon, Moulins-Engilbert présentant un cas extrême de désoccupation de son patrimoine immobilier avec une population qui tend à se disperser d’autant plus. D’autres, plus rares, présentent un indice plus élevé que leur densité : cela veut dire que ces communes sont arrivées à saturation de leur possibilité d’accueil, que les lieux-dits se sont étendus et que des constructions neuves peuvent ou ont pu se justifier avec la constitution de nouveaux lieux-dits ; c’est le cas de Maux (qui se dépeuple), de Montaron (qui se dépeuple), de Saint-Honoré-les-Bains, dont la démographie croît depuis déjà une dizaine d’années.

Dans l’ensemble, les valeurs de l’indice sont basses, les valeurs les plus élevées enregistrées à Saint-Honoré, Moulins-Engilbert et Vandenesse correspondant aux trois communes dont les agglomérations sont les plus franchement achevées historiquement. Remarquons que, pour une même densité, Villapourçon laisse apparaître un indice inférieur à celui de Vandenesse, cela étant dû à la plus forte dispersion de l’habitat à Villapourçon qu’à Vandenesse.

Ces résultats ne laissent pas apparaître d’opposition patente entre l’habitat bazocien et l’habitat morvandeau. Tout au plus constate-t-on, pour une même densité, des indices plus petits entre une commune bazocienne, Vandenesse, et une commune morvandelle, Villapourçon.

Les statistiques et histogrammes suivants permettront une bonne appréhension du phénomène.


* Racine du quotient surface (en ha) sur nombre de lieux-dits divisé par 10
** Nombre moyen d'habitants par lieux-dits sur nombre moyen de km entre chaque lieu-dit