Présentation et analyse locales

Parler des patronymes est inséparable de la généalogie et donc des gens qui les portent avec leur histoire. Les patronymes sont le reflet d'une culture, d'une langue, d'une région, ils en sont, avant leurs longues migrations, de père en fils, de région à région, la carte d'identité. Comme marqueurs, ils témoignent des mouvements de populations. Ils sont aussi, avec l'évolution des langues et leurs écritures, le reflet de diverses transformations graphiques et orales. Précisons tout de suite que nous n'avons pas cherché à repérer des patronymes de personnes illustres ou remarquables, voire de lignées historiques locales, comme la souche morvandelle BAROIN, l'analyse des patronymes se limitant ici aux populations et non aux individus, encore moins aux élites, et ne tenant donc pas compte de cette "curiosité" très particulière que tout un chacun pourra éventuellement découvrir dans les listes communales et cantonales.

Mais, pour autant, l'histoire d'un patronyme est souvent très différente des familles qui les ont portés. En effet, un patronyme peut perdurer alors que la lignée porteuse a disparu, car remplacée par une autre du même patronyme, fût-elle du même adam. Il peut aussi, inversement, disparaître alors que la famille n'est pas éteinte. Il y a eu tout simplement arrêt de la lignée patronymique. Une coutume très ancienne dans nos contrées, qui a maintenant force de loi - cette loi ayant été quelque peu modifiée dans les années quatre-vingt pour la transmission des matronymes -, veut qu'un nom de famille, pour être transmissible, le soit par une descendance mâle, d'où le terme de patronyme, le nom du père. Chaque nouveau-né, fût-il garçon ou fille, porte, en théorie, le nom de son père et, si celui-ci est inconnu, le nom de sa mère, seul cas connu de transmission d'un matronyme. Dans le cas des couples non mariés, le nom de famille vient du premier déclarant, fût-il la mère, ou du père s'il fait officiellement acte de reconnaissance. Cette pratique de la patronymie n'a pas toujours été systématique sous nos cieux et, lorsque le patronyme était très courant, il était d'usage, notamment chez les familles aisées, d'accoler au patronyme des mariés et de la descendance le matronyme : ainsi les CLEMENT DUFOND, DEVOUCOUX LEMAÎTRE, MARCEAU ROUSSEAU ont été vus à Villapourçon en vue de les différencier des très nombreux CLEMENT, DEVOUCOUX et MARCEAU de la paroisse, les RIVET DESMOULINS, les MICHOT GRILLOT et les BONNEAU VERRY ont été vus pour la même raison à Moulins-Engilbert avant l'appellation, pour ces derniers, de BONNEAU du MARTRAY en 1858 ; une solution a souvent été trouvée par l'adjonction d'un "dit" : BONNOT dit COCHET, DERANGERE dit RABY, MARTIN dit POUPON. La pratique patronymique n'est actuellement pas reprise partout, sans parler des patronymes qui ont été fréquemment passé en prénom (ROBERT, XAVIER, JEAN, ETIENNE...) et inversement. Les hispaniques, les portugais et autres slaves gèrent la transmission des noms de famille paternels et maternels d'une façon plus équitable (système du double nom). Quant aux femmes mariées sous le droit romain français (code Napoléon), contrairement à une légende très tenace qui vient certainement de la période où elles dépendaient entièrement de leur mari, économiquement et juridiquement, elles gardent leur patronyme toute leur vie durant, peuvent même le porter en toute légalité une fois mariée, le nom du mari "emprunté" suite à un mariage ne remplaçant pas le patronyme de la femme mariée puisque son statut n'est qu'un nom d'usage non transmissible qui n'apparaît même pas à l'acte de mariage et n'apparaît accessoirement dans l'acte de décès que comme nom d'époux.

Les patronymes, ou supposés tels lorsqu'ils ne viennent pas de la mère en cas de père inconnu, les patronymes dont il est ici question sont donc ceux de l'état civil à la naissance des hommes et des femmes, mariés ou non. Les "noms d'époux" ne sont donc pas traités.

La naissance d'un nom de famille vient très souvent de la description à objet d'identification d'un état, d'une situation, d'un lieu ou d'un métier, par des qualificatifs divers ou des sobriquets : LEGRAND, PETIT, ROUSSEAU, CHAUVEAU... CHAUCHAUD, surtout vu en Côte d'Or, était, avec les CHAULET et les CHAULON, le chauleur de nos campagnes, et point n'est besoin de décrire les MEUNIER et les LARPENTEUR ; plusieurs souches familiales différentes mais du même lieu peuvent très bien porter le même nom dont la durée de vie dépend de la possibilité de sa transmission par les mâles, et leur absence dans la lignée constituait souvent pour nos anciens un drame ; sa disparition par absence de descendance mâle ou absence de descendance tout court, ferme ainsi pour toujours la lignée patronymique, même si la famille perdure. Ainsi en fut-il des BRUNEAU (DE VITRY), des de REUGNY, des SALLONNYER, des RAVARY, des BEUNAS, des GOGUELAT et de la plupart des ROBERT, pour ne parler que des plus connus.

Une fois né, un patronyme s'implante ou ne s'implante pas. C'est ainsi qu'au gré des mariages et des naissances, un patronyme peut passer d'un village à l'autre par extinction d'un foyer patronymique relayé par l'activation d'un autre suite à un "essaimage", le couple s'établissant en un lieu donné suivant les opportunités ou arrangements du moment - il en fût ainsi des GOGUELAT, encore visibles sur Château-Chinon ; qu'il peut, pour quelques raisons que ce soit, prendre un essor considérable, comme les ALEXANDRE, les MARTIN ou les VINCENT, ou perdurer sans éclat particulier pendant des siècles, comme les CHAUSSIVERT. Ainsi les GUILLIER, fort nombreux, dont le berceau a été repéré à Maux, se concentrèrent-il progressivement sur Moulins-Engilbert avec quelques émigrations sur Decize et Nevers. Ainsi les AUDUGÉ et les CHAUSSIVERT, perceptibles notamment sur Moulins-Engilbert, Villapourçon, Onlay, Préporché et Sermages, ont perduré jusqu'à nos jours sans éclat particulier dans la Nièvre, sans aucune dispersion particulière sur la France, ni nombreuses descendances, sauf sur Onlay et Moulins-Engilbert - quelques CHAUSSIVERT ayant émigré en Côte d'Or. Bref, l'avenir d'un patronyme, qui ne saurait être généralisée, dépend de l'histoire familiale, de son activité économique, de son assise foncière, de la structure sexuelle et du comportement matrimonial et procréatif des descendances, de la mortalité infantile et de l'idéologie religieuse nataliste interférant souvent.

Par cette étude, nous avons plus mis l'accent sur l'endémicité d'un patronyme, liée donc à une origine historique locale, que sur sa représentativité, liée au nombre de de ses porteurs, passés et actuels. En effet, comme on le verra plus loin, l'endémicité d'un patronyme n'est pas sa représentativité, deux notions indépendantes qui peuvent éventuellement se compléter. Un patronyme endémique peut très bien ne pas être représentatif, un patronyme représentatif n'est pas forcément endémique. Un patronyme endémique peut très bien avoir disparu ; un patronyme, très représentatif au siècle dernier, peut très bien ne plus l'être actuellement ou avoir également disparu. Notre étude est plus historique que démographique.

La question de savoir si un patronyme est endémique ou non d'un village, d'un hameau ou d'un quartier dépend essentiellement de sa durée au travers de l'histoire des familles. On peut aussi démontrer l'endémicité d'un patronyme par l'approche dialectale locale ayant produit un nom et par la descendance locale qui le porte, parfois nombreuse, plus ou moins représentative. Cela dit, des patronymes "venus d'ailleurs" ont été "régionalisés" suite à un établissement durable : le cas des CHOULZ à Villapourçon dès 1861, francisation du nom alsacien SCHULTZ, et des SCHMID sur Isenay et Montaron est patent, celui des ALMUNDRAS également dès 1814 sur Moulins-Engilbert et, plus tard, en 1878 avec les SCHMIT et en 1888 avec les BRUNSCHWIG, toujours sur Moulins-Engilbert. L'endémicité d'un patronyme n'est, en fait, pas historiquement calculable et l'on peut, pour rester dans le domaine du vérifiable, grosso modo évaluer à cinq siècles l'endémicité d'un patronyme, s'il ne s'est pas éteint et s'il ne s'est pas dispersé au point d'en effacer le berceau (POUGAULT...). Tel est le cas des CHAUSSARD, des COURAULT et autres CHARLEUF. Mais dire qu'un patronyme est propre à un village parce qu'il correspond à une forme dialectale locale ancienne ou révolue est toujours relatif au fait des mariages, des cousinages et autres phénomènes de consanguinité, les "recrutements matrimoniaux" s'effectuant généralement dans un rayon ne dépassant pas les cinquante kilomètres (50 km), les actes matrimoniaux faisant foi. Dire que les populations ne se déplaçaient guère et avait tendance à l'endogamie avant l'apparition des nouvelles routes et des voies ferrées est une légende qu'il faut détruire tout de suite car les populations, même serviles, lorsque les circonstances et les moyens le permettaient, se sont toujours déplacées, et souvent fort loin, sur les injonctions de leurs seigneurs au temps de la féodalité, par nominations royales, nominations de fonctionnaires, migrations économiques, relations d'échanges et de marchés, professionnelles et familiales, louées, transhumances, foires, toutes occasions de faire de nouvelles rencontres ; par le jeux des mariages, les faits de guerre, épidémies, famines, calamités naturelles et transports fluviaux divers. Des patronymes que l'on croit endémiques d'un village sont souvent vus et venus de bien ailleurs (notamment d'Anjou pour les D'ARMAILLÉ à Isenay, du Nord de la France pour les HERICOURT à Moulins-Engilbert...) et ont, pour certains, un indice de dipersion surprenant, comme les BERNARD, les ROBERT, les DUBOIS et variantes. Ainsi bien des patronymes, comme celui des CORBIN, présents sur la Nièvre, que l'on croit "bien de chez nous", viennent, s'ils n'ont pas été "importés" depuis Paris par les placements d'enfants, des Pays de la Loire ; ont, par les mariniers des chalands, remonté la Loire et, au gré des établissements et des mariages, prospéré de part des d'autre du fleuve à des distances surprenantes. A l'inverse, des GOUJON, notamment à Isenay, ont été vus... en Charentes et en Lorraine dès le dix-neuvième siècle, cette migration s'expliquant par des troupes envoyées depuis la Nièvre dans ces régions durant la Révolution, et la guerre franco-prussienne. Enfin, des berceaux patronymiques se sont déplacés au cours des siècles : le cas des POUGAULT est patent puisque le berceau, assurément moulinois depuis l'aube des temps, s'est déplacé en Saône-et-Loire au début du 20ième siècle, s'est dispersé, notamment après la Révolution, en Île-de-France, dans le Lyonnais, en Savoie, en Italie, le Languedoc-Roussillon, dans le Bénélux... et dans le Sud-Ouest français.

L'endémicité d'un patronyme, liée à un parler local, à l'attachement à un village et à ses terres, peut expliquer cette notion d'"étranger" à qui n'est pas du village et ces "querelles de clocher" que l'on peut observer lors des foires et de bals populaires, lieu de tous les enjeux matrimoniaux pouvant échapper à la sacro-sainte règle des "racines villageoises" et des mariages négociés ou arrangés. Ainsi peut-on dire que les BUTEAU, les CLOIX, les GUILLIER, les JACQUET, les LABORDE, les LABOUR, les LAVALETTE, les LAGRANGE, les LOISEAU, les PERRIN, les REBREGET, les RENAULT, les SEGUIN, les THOMAS, les TOLLARD et les VINCENT sont, entre autres nommés ici, endémiques et représentatifs de Maux vu leur ancienneté et leur nombre. Comme on l'a vu, ces sentiments d'appartenance à un village ou à une terre, rappelant certains phénomènes ethniques, ne se vérifient malheureusement pas par l'histoire des patronymes, fussent-ils d'un ou plusieurs villages d'un même canton, la jeune fille ou le jeune homme qui apporte le nom, s'il vient à s'établir dans le village de la jeune fille, venant souvent de bien ailleurs, ceci étant particulièrement vrai pour les "gens de biens" et autres "grandes familles". Ce comportement tendant à l'exogamie, encouragé par l'Eglise, est salutaire pour éviter la consanguinité, souvent source de stérilité et donc d'arrêt des lignées.

La Nièvre étant une terre vieillissante et d'exode, beaucoup de patronymes existant au siècle dernier ont, maintenant et plus qu'ailleurs, disparu. Le phénomène a commencé à Isenay vers 1850 et s'est propagé à Villapourçon vers 1903. Il s'est aggravé avec la Grande Guerre. Avec les gens, bon nombre de patronymes s'exportèrent, notamment vers Paris, et particulièrement les patronymes dit "fugaces". Disparu sur place, corps et âmes, comme celui des BRUNEAU DE VITRY et des SALLONNYER, par défaut de desendances mâles, disparu d'un seul lieu pour réapparaître ailleurs, comme les RAVARY et les POUGAULT, dans une grande ville ou dans un pays étranger, ou disparu conjointement par exode et extinction des lignées (comme les BRUET, pourtant très présents à Maux). Le cas des HERVE, de Vandenesse, est symptomatique des grandes migrations vers la Nouvelle-France au dix-huitième siècle et le patronyme, très prolifique, a été vu au Québec sous sa forme anglicisée HARVEY. La Nièvre est un des départements français où le nombre de patronymes disparus est particulièrement important.

Un patronyme, s'il est un élément traceur d'une ou plusieurs lignées à travers l'histoire et la géographie familiale, ne représente souvent pas qu'une seule famille. Ainsi celui des MARCEAU et des MARTIN, patronymes on ne peut plus prolifiques et invasifs, tout comme celui des VINCENT et des RENAULT, très présent dans la Nièvre, représentent des lignées qui, autant qu'on ait pu remonter dans les siècles, n'ont jamais eu le même adam. Des patronymes ont, enfin, évolué phonétiquement et graphiquement, sans discontinuité chez les porteurs, l'évolution étant constatée de père en fils ; et ce que l'on prend pour deux patronymes différents dans une même lignée n'en est, en fait, qu'un : de CAGNIOLLE au dix-huitième siècle, sur la commune de Maux, on passe allègrement à CAIGNIOLLE au siècle suivant. L'analphabétisme étant une plaie des siècles passés, et la langue française peu maîtrisée, les prêtres qui enregistraient les baptêmes, puis les officiers d'Etat Civil qui enregistraient les naissances à partir de 1793 dans la langue officielle, ont dû jouer finement de l'oreille pour traduire par l'écriture ce qu'ils entendaient, et ce qu'ils entendaient était fonction de leur oreille, de l'accent local et de la maîtrise orale de la langue française locale. Ainsi LANOISELÉ(E) devint LANOIZELÉ, BOBEROT s'écrivit BOBROT ou BOBEREAU, GAUTHIER devint GAUT(H)É ou GAUT(H)EY, RENAULT devint REGNAULT, RENAUD ou encore RENAUX, BERTHAULT s'écrivit BERTHEAU, BERTHEAULT, BERTHOT, BERTAUD, BREUGNEAU prit la forme de BREUGNOT, etc. L'orthographe des noms des familles nobles et bourgeoises n'est pas mieux stabilisée : SOLLONNYER, forme d'origine du nom, s'écrivit SALONIER, SALONNIER, SALLONNIER, etc.; la complexité du nom ajoute à la variabilité orthographique : DE LA FERTÉ MEUNG s'écrivit MEUN DE LA FERTÉ, (DE) LAFERTÉ MEUN, etc, d'où une difficulté évidente d'indexation. Cette variabilité orthographique vient aussi de la caligraphie elle-même des documents anciens, certaines lettres écrites à la plume d'oie sur un papier de mauvaise qualité mal conservé pouvant être mal lues et donc mal transcrites (MERLAND et MERLAUD) ; elle a perduré jusque vers les années quarante, décennie de l'avènement des machines à écrire dans l'état civil, sans qu'aucune décision de justice ne vînt légaliser une nouvelle forme graphique de nom, sauf volonté clairement exprimée des porteurs. Les formes françaises se sont souvent succédées "spontanément" aux formes dialectales, notamment après la Révolution : ainsi RAVIAU devint RAVEAU, GARRIAU devint GARREAU ; ainsi TAVIAUX se muta en TAVEAU ou TAVAULT alors que la forme dialectale prit la forme TAVIOT, etc ; et des noms de famille à particules dotés d'un nom de fief ont été, par erreur ou excès de zèle, agglutiné après l'abolition des privilèges : ainsi De la VALETTE devint DELAVALETTE, De la Boulaye devient DELABOULAYE. Inversement, avec les deux Restaurations, des noms comprenant un DE, comme DELAVAULT, se sont vus - question de mode ? - rédigés abusivement en DE LAVAULT sans qu'il n'ait été question d'annoblissement. L'origine étrangère ou non latine du patronyme ajoute encore à la fantaisie orthographique puisque MORGENTHALER a été vu à Villapourçon sous les formes MORGENTHALE, MONGENTALAINE, MONGENTALER, etc, les Officiers de Mairie n'ayant sans doute pas été à l'aise avec des patronymes exogènes. Bref, un seul et même patronyme, du moins prononcé pareillement, peut revêtir des formes orthographiques différentes, comme GERBEAU et GERBAUT, peuvent, en revanche, révéler deux patronymes différents, donc deux lignées différentes et indépendantes. Les ambiguïtés demeurent donc et, sans autres informations provenant des actes, nous avons considéré a priori comme deux patronymes différents deux patronymes écrits différemment. Dans le cas contraire, nous avons rédigé sur la même ligne les deux orthographes attestant que le nom a été porté sous deux orthographes différentes par une seule et même lignée : JOURDAN DU MAZOT ou DU MAZEAU.

Un patronyme, même exogène, parce qu'il n'exprime pas une forme dialectale locale, est dit "d'une région" à la fois par son nombre local de porteurs actuellement constatés et par sa permamence transmissive dans l'Histoire depuis au moins cinq siècles, avec ou sans dispersion autour du berceau. Mais, au gré des migrations, des mariages, des placements d'enfants au dix-neuvième siècle et au début du vingtième en vue de repeupler les campagnes, des implantations patronymiques plus ou moins récentes, nombreuses et durables ont été sans cesse constatées, impossibles à énumérer ; des patronymes exogènes, provenant parfois de grandes familles nobles ou bourgeoises, se sont également implantés, au gré des opportunités, des mariages et autres conventions d'héritage, depuis plus d'un siècle, avec plus ou moins de bonheur : ainsi les CURÉ (de LA CHAUMELLE), d'origine bourbonnaise (à partir de 1803 à Moulins-Engilbert), les VIEL de LUNAS, d'origine languedocienne (dès 1786 à Saint-Honoré), les TALEYRAND, d'origine périgourdine (en 1778 à Vandenesse), les DE LA ROCHE AYMON, d'origine limousine (à partir de 1905 à Vandenesse), les CORBIN, d'origine ligérienne (à parir de 1785 à Villapourçon), les SALOMON-COHEN, d'origine comtadine et marseillaise (à partir de 1843 à Montaron), les MALINOWSKI, d'origine polonaise (à partir de 1817 à Vandenesse), les OSTROKI, d'origine slovaque (à partir de 1803 à Onlay) et les WAHLSDORF, d'origine alsacienne (à partir de 1855 à Moulins-Engilbert), ces derniers connus localement dans la restauration et l'hôtellerie. Ce qui veut dire que tel ou tel patronyme, même exogène, peut, s'il perdure localement, être un élément transformateur d'identité d'une région particulière, d'autant plus que certaines familles, comme les SALOMON-COHEN, ont eu des responsabilités magistrales, administratives et économiques dans leurs communes. D'autres patronymes, et de là les plus nombreux, sont dits "fugaces", c'est-à-dire, n'ayant pas été constatés plus de cinq ans dans un seul et même lieu-dit, le temps d'un mariage, d'une naissance ou d'un décès, sans parlers de la mortalité infantile, d'autres encore sont notés comme "orphelins", c'est-à-dire uniques (comme les VOCORET, les AUSSIETRE, les LEORCY, etc) dans un seul lieu-dit, rarement deux, ce qui atteste que des mouvements de populations, en dehors de la population historique foncièrement établie, ont bien eu lieu et que des relations familiales se sont établies bien ailleurs autour du lieu-dit d'où, dans cette catégorie, des origines très variées - nous y reviendrons. D'autres encore sont dit "opportunistes", c'est-à-dire présents transitoirement dans un lieu-dit, le temps d'un achat foncier ou d'un héritage, d'un mariage ou d'un établissement plus ou moins durable mais sans évènements civils, du moins sur le canton : ainsi en fut-il des MORENO de MORA, une grande famille d'origine espagnole andalouse gaditane établie depuis 1826 à Paris, 1835 à Moulins-sur-Allier (Allier) et 1872 à Onlay, héritant des MARTIN de TARD, suivis en 1890 par la belle-famille des LEFEBVRE CHARBONNIER de VILLEQUETOUT, originaire de Blois, jusque vers les années 50. Il en est de même des de ROHAN-CHABOT, famille de noble souche lointaine bretonne fort représentée à Paris et région, dont la présence actuelle sur le canton vient par matrilinéarité, et en passant par... Saint-Raphaël (Var), des CURÉ de la CHAUMELLE.

Une approche détaillée des très nombreux patronymes dit "fugaces", bien-sûr impossibles à citer tous, nous informe que bon nombre d'entre eux procèdent non seulement d'autres cantons de la Nièvre mais encore des départements voisins, l'Allier (GREUZAT, etc...) et le Cher (PETIT, COLLIN, etc...) étant les plus représentés. A y regarder encore de plus près, les origines sont, pour un gros tiers, extrêmement variées, françaises et étrangères : les BEZILLE viennent du Loiret, les BOSSY viennent de l'Isère, les COLLIGNON de Belgique Wallonne, les CORBIN de la Sarthe, les GRELIER de Vendée, les GRAVIER des Vosges, les HEUSSLER d'Alsace-Lorraine, les JAUBERT des Alpes-de-Haute-Provence, les LUA de Moselle, les MUZARD de l'Yonne, les HARDOUIN du Maine-et-Loire, les HERICOURT du Pas-de-Calais, les RABION de Charentes-Maritime, les TAILLEUX de Seine-Maritime, les SARRON du Doubs ou du Puy-de-Dôme, les LEONIDAS de Dordogne et de Guadeloupe, les LISSANDRINO d'Italie, les KARST d'Allemagne, les OSTROKY de Slovaquie, etc... Ce phénomène est particulièrement important sur Villapourçon, où le brassage des populations a été très soutenu depuis le seizième siècle. Tout se passe comme si, autour du noyau patronymique historiquement constitué des bourgs et des villages, des relations périphériques s'établissent en permanence, au gré des opportunités, des politiques administratives et de repopulation, et aussi des évènements politiques, dans une grande instabilité et une nébuleuse d'intérêts aux contours mal définis. Tout se passe d'autre part comme si le Morvan est hermétique à l'établissement de patronymes venus de Saône-et-Loire ou de Côte-d'Or, sauf à Villapourçon, qui, sur une route postale proche de l'ancienne chaussée romaine menant au Beuvray, a longtemps appartenu au diocèse d'Autun, paroisse où cette pénétration, notamment par les SACLIER, les CHAUSSIVERT, les MARTIN et les DEVOUCOUX, vient essentiellement de l'ancienne châtellenie de Glenne et de la paroisse de Saint-Prix (Saône-et-Loire). Ces patronymes dit "fugaces" ont été particulièrement "corrodés" par les phénomènes d'exode entre les années 1850 et 1903, Villapourçon ayant été particulièrement concerné par cette corrosion, les noyaux patronymiques villageois fortement "essaimeurs" ayant, dans un premier temps, assez bien résisté à cet exode. On revoit par là, avant les phénomènes d'exode, et sans parler des naissances fortuites dans une quelconque commune, le schéma classique des fonctionnaires, des magistrats, des libéraux, des militaires, des petits propriétaires, des petits commerçants, des métayers et des ouvriers des campagnes, des enfants placés de l'Hospice de Nevers et autres domestiques aux migrations incessantes dans leurs relations avec les plus ou moins grands propriétaires sédentarisés de longues date (BONNEAU, COUSSON, DURUISSEAU, DE CHAMP...), résidents ou non dans leur village et aux progénitures souvent nombreuses, souvent demandeurs d'huissiers, de notaires, de régisseurs, de fermiers, de domestiques et de valets. Notons enfin que bon nombre de patronymes, "fugaces" et moins "fugaces", apparaissent au début du dix-neuvième siècle (LEGRIS, LEFEVRE, COPIN, CAUTIN, SALOMON-COHEN...) suite à la mise en régie de grands domaines et au développement, suite au morcellement de ces grands domaines, de la petite et moyenne propriété, et disparaissent entre les années 1870 et 1900 suite aux phénomènes d'exode, entraînant avec eux la disparition ou la mutation dans une autre région de patronymes repérés localement depuis le seizième siècle : CORBILLET, DARCY, LEGROS, GUYOT...

Enfin, bon nombre de patronymes dits actuellement "endémiques" ont, avec le développement de seigneuries et de communautés taisibles, donné, entre les 13ième et 15ièmes siècles, naissance à des noms de lieu-dit : les MARCEAU, les ROLLOT, les GARRIAU, l'Huis GRIVAULT, l'Huis LABOUR, le Domaine CHARLEUF, les PAQUELIN, etc. Certains de ces patronymes perdurent encore de nos jours même si ces lieux-dits, à l'exception des GARRIAU jusqu'au début du vingtième siècle, ne sont plus habités depuis longtemps par ceux qui leur ont donné le nom. A l'inverse, des lieux-dits, naturels ou construits, ont servi d'identification à des familles qui s'y sont établies : DURIAU, DUDRAGNE, DEBATISSE, RANVIER, DERANGERE, LEGLISE, DURUISSEAU, DESPLACE, DESJARDINS, DESCHAUMES... L 'importance du nombre enregistré de patronymes différents dans un lieu-dit (richesse et diversité patronymiques) peut renseigner aussi sur l'ouverture, le pouvoir attractif et la richesse d'implantation du dit lieu-dit, Villapourçon, Vandenesse et Moulins-Engilbert ayant été longtemps, malgré de très grosses colonies patronymiques, les trois pôles principaux du canton. A l'opposé, une pauvreté patronymique dans une communauté villageoise, comme à Sermages et Onlay, indique fort souvent l'isolement et donc de très grosses colonies patronymiques (comme à Onlay celles des AUROUSSEAU, des BOISOT / BOIZOT, des BONNOT, des COUGNARD, des CHAUSSARD / CHOSSARD, des JEANNIN, des JOYEUX, des LETOURNEUR et des MOURON) au sein desquelles on devine aisément un fort taux de cousinage ou de consanguinité par la disparition à terme de certains patronymes et leur non-remplacement par des patronymes extérieurs ou exogènes. Comme on le verra plus loin, le phénomène des grosses colonies patronymiques, anciennes à récentes, est visible sur toutes les communes du canton, à des degrés divers cependant.

Les listes que nous présentons, et que nous ne prétendons pas exhaustives, sont dressées alphabétiquement par commune sur les dix communes du canton et ne concernent, s'ils ont été traités, que les patronymes des personnes qui y sont nées, s'y sont mariées ou y sont décédées, les morts-nés étant également mentionnés. Il est donc possible que des patronymes anciennement ou actuellement présents sur le canton n'y figurent pas. En revanche, il est possible, en cas d'oubli ou d'erreur, de les modifier en s'adressant directement au webmestre. Notons que les patronymes à particules, si la particule a été placée avant, ont été classés à la particule, fût-elle par la suite agglutinée : DE LARMINAT devra donc être trouvé à la lettre D. Chaque patronyme différent, même orthographiquement, n'apparaît qu'une seule fois, quelque soit le nombre de naissances et de porteurs, avec son lieu d'établissement et sa durée historique d'observation par les généalogistes, celle-ci ne dépassant généralement pas 1902, ce qui laisse supposer, si les familles n'ont pas fait de généalogie leur permettant d'aller au-delà, une durée plus longue. Si plusieurs sources intéressent le même patronyme, il sera pris des diverses années, de début et de fin, les extrêmes obtenus dans la durée d'observation. C'est volontairement que nous n'avons pas cherché à connaître le nombre de porteurs, celui-ci, dont l'origine varie suivant les recherches, et le nombre variant avec cette origine, ayant par ailleurs fort varié à travers l'Histoire, et le patronyme, même très représentatif sur le plan des occurences, n'apparaîtra qu'une seule fois, quel que soit le nombre d'actes enregistrés ou de porteurs ; seule la durée d'observation historique peut donner une indication de son implantation dans un lieu-dit déterminé, cette durée, qui ne dépend que de l'observation du généalogiste et d'une base documentaire plus ou moins complète, fiable et toujours relative, très variable suivant les communes, n'indiquant pas s'il y a eu interruption ou non et s'il y a eu ou non plusieurs foyers familiaux différents sous un même patronyme. Cette durée, quel que soit le nombre de porteurs, peut être éphémère à très longue, située déjà dans l'histoire ou encore dans l'actualité, elle peut aussi indiquer des renouvellements par des disparitions et des apparitions. Des patronymes endémiques peu représentatifs car très localisés quant au nombre de porteurs (comme, sur Onlay, les AUDUGÉ, AUDUJÉ ou AUDUGER) peuvent durer plusieurs centaines d'années ; d'autres, à un moment de l'histoire, ont été un peu partout très prolifiques, comme les REBREGET ou les SALLONNYER, et ont actuellement disparu définitivement de nos régions. Enfin, les MICHOT et les LAGNEAU, présents dès le dix-septième siècle, très nombeux et prolifiques, notamment sur Isenay, Maux, Moulins-Engilbert et Onlay, font encore partie du paysage patronymique régional.

A titre indicatifs, nous présentons ici par ordre décroissant les statistiques quantitatives par commune sur les dix communes du canton de tous les patronymes différents recensés par les généalogistes sur les actes de catholicité et d'état-civil déposés aux archives, seule les familles étant autorisées à déclarer des actes après 1902 (loi des 75 ans pour les actes de mariage, de 100 ans pour les naissances). Il se peut que des patronymes aient échappé à ce recensement, certaines familles n'ayant pas fait l'objet d'études particulières indépendamment du relevé systématique des tables décennales jusqu'en 1902. Notons que, autour de l'énorme constellation des patronymes plus ou moins "fugaces", des patronymes, commes les ALEXANDRE, les AUROUSSEAU, les PERRAUDIN, les COURAULT ou les COUSSON, sont observés sur de longues périodes très fécondes sur plusieurs communes, ce qui laisse entendre que leur diffusion dépassent certainement les limites du seul canton de Moulins-Engilbert, et que leur endémicité géopatronymique est beaucoup plus large que supposé par notre champ d'étude. A noter que les communes actuellement les moins peuplées ne sont pas forcément celles qui enregistrent le moins de patronymes différents, le cas d'Isenay étant patent à ce sujet. Villapourçon, une des plus grosses communes rurales du canton, présente un nombre très important de patronymes différents mais "fugaces", avec un nombre relativement faible de grosses colonies patronymiques entraînant un nombre moyen de porteurs par patronyme inférieur à la moyenne du canton : aussi enregistra-t-on dans cette commune depuis cinq siècles environ jusqu'à 1405 porteurs du patronyme PERRAUDIN, 1957 porteurs du patronyme MARCEAU, 1254 porteurs du patronyme ALEXANDRE et 3754 porteurs du patronyme MARTIN... Ce phénomène des grosses colonies patronymiques est également perceptible sur d'autres communes et particulièrement sur Moulins-Engilbert, certaines colonies, pourtant historiques, ayant disparu depuis, qui ne correspondent pas forcément aux dites "grandes familles" bourgeoises habituellement remarquées dans la ville et dont nous énumérerons les plus importantes : celles des BOIZOT, COURAULT, COURDAVAULT, DOUSSOT, DUVERNOY, AUBOUSSU, AUROUSSEAU, BAILLY, BEUNAS, BERTIN, BIDAULT, BLANCHET, GRENOUILLE, JEANNIN, LABORDES, LAGNEAU, LAMBERT, LAUDET, LAUMAIN, LAVALETTE, LAVAULT, LEMAÎTRE, MALHEURTY, MARIBAS, MARTIN, MICHOT, MINÉ, MOREAU, MORLET, NADOT, PANNÉ, PAPON, PERCEAU, PERRAUDIN, PERRIN, POUGAULT, PROVOT, RANVIER, RAULT, REMOND, RENAULT, ROBERT, ROBIN, ROLLOT, SAUVAGET, SIMONNET, THEVENOT, THIRAULT, THOLLÉ, VADROT et autres VINCENT, etc, ces familles pouvant être présentes sur les autres communes du canton et dont les porteurs peuvent dépasser allègrement la centaine au cours des cinq siècles précédents, le pompon revenant aux MARTIN avec 644 actes porteurs de ce nom de 1607 à 1922... Tout se passe comme si les communes les moins peuplées se voyaient dans la situation de "chercher ailleurs" pour trouver le conjoint, d'où un meilleur brassage, et que les communes fortement peuplées et relativement isolées n'en ressentaient pas forcément le besoin d'où, à la lecture de certaines généalogies, des taux de consanguinité dépassant les 2 %... La lecture des actes de mariage, religieux ou civils, est édifiante à ce sujet.

Parallèlement aux listes patronymiques communales, nous avons ajouté une liste cantonale qui, par le cumul alphabétique des listes communales, donne un aperçu significatif du rayonnement, passé et présent, de certains patronymes sur les dix (10) communes du canton. Le tableau ci-dessous est suseptible d'évoluer par la transcription de nouveaux patronymes étudiés par les généalogistes ou les familles elles-mêmes.

Nom de la paroisse ou de la commune

Nombre de patronymes différents recensés jusqu'à aujourd'hui

Villapourçon

2.555

Moulins-Engilbert

1.446

Isenay et Sosay

1.664

Vandenesse

1.624

Saint-Honoré (les Bains)

1.576

Montaron

1.249

Préporché

1.245

Onlay

1.087

Maux

815

Sermages

595

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Sources des listes : Genealogie.com, GeneaNet.org, GenNievre.net, Heredis, Tables décennales des Archives Départementales de la Nièvre (jusqu'en 1902).