Josefa Gil Moreno de Mora y Plana (1894 - 1978), dite Pepita, est entrée comme infirmière aux Petites Sœurs de l'Assomption en 1921 sous le nom de soeur Carmen de la Croix, deux an après la mort de sa mère. Il semble que les convictions religieuses très apostoliques de son père, l'état de santé de sa mère, qu'elle garda, conjugué avec la guerre de 1914-18, qui a provoqué beaucoup de misère et un appel au soin très important, ait provoqué cet engagement que la géographie du quartier a aidé. Il y avait en effet, tout près de son domicile, un couvent de la congrégation des Augustines de l'Assomption, au 88 de la rue qui en prit le nom dès 1854 (anciennement rue des Tombereaux), qui servait également d'école pour jeunes filles ; un autre établissement du même genre, un pensionnat de religieuses de l'Assomption à Auteuil, pas très loin du Boulevard Beauséjour, où Pepita avait été formée, lui servit par ailleurs de lieu de retraite et de recueillement. Les religieuses d'Auteuil qui fondèrent un premier collège à Málaga, dans la province méridionale de l'Andalousie, dès 1865, puis plus tard un autre, réputé, à Madrid.
Cette congrégation a été fondées en 1865 pour l'apostolat en milieu ouvrier par le Révérend Père Claude Etienne Pernet, un des premiers compagnons du Père Emmanuel d'Alzon, fondateur de la congrégation des Augustins de l'Assomption ; il naquit le 23 juillet 1824 à Vellexon, Haute-Saône, en Franche-Comté, d'une famille d'artisans dont le père, Claude-Louis Pernet, était maréchal-ferrand ; il mourut un certain 3 avril 1899 rue Violet à Paris, quartier de Grenelle, siège social de la congrégation, en gardant des malades après une vie pleine de rebondissements avant de trouver sa voie définitive. Mais ce n'est qu'en 1983 qu'un décret pontifical proclame Etienne Pernet "vénérable". Les Petites Soeurs, qu'on appelaient également les pernettes, du nom du fondateur, étaient toutes blanches et actives, avec leur cornette, leur guimpe et leur tablier de neige. Antoinette (Mère Marie de Jésus) Fage (1824 - 1883) en fut l'une des cofondatrices historiques les plus connues, qui fut canonisée et béatifiée en 1925. Mère Marie-Henri du Sacré-Cœur des Petites Sœurs de l'Assomption: (Mme Henri Gand, née Anne-Marie Prisse, 1889 - 1931), qui lui succéda, et Mère Marie du Saint-Sacrement, Eugénie Jacobs (1853 - 1922), 2ième supérieure générale des petites-soeurs de l'Assomption, en furent également les animatrices et cofondatrices les plus importantes, en France et au Nouveau-Monde. L'origine, bien française, de cette congrégation religieuse vient de la préoccupation - l'idée de chanté chrétienne -, assimilée par les assomptionnistes comme une nécessité, à l'aide apportée, à domicile ou en institution, aux familles nécéssiteuses et aux malades, la priorité étant la garde gratuite des malades des plus pauvres en leur domicile. Cette congrégation se développera en région parisienne puis dans la France entière, puis en Angleterre dès 1880, en Espagne dès 1903 à Barcelone..., et au Canada à partir de 1933 ; des missions se développeront également aux Etats-Unis dès 1891 avec le Père Henri Brun, venant au secours des communautés francophones les plus démunies.
Voici comment les décrit en 1900 le "Manuel des Oeuvres, des Institutions Relgieuses et Charitables de Paris" : "Les Petites Soeurs de l'Assomption se consacrent exclusivement et entièrement, le jour et la nuit, au soin des malades pauvres, à domicile. Elles font le ménage, la cuisine, soignent les enfants ; en un mot, elles deviennent les servantes du pauvre et de sa famille, et les préparent à recevoir les secours de la religion. Elles n'acceptent auncune rétribution, pas même leur nourriture. Des Dames du monde, sous le nom de Dames servantes, se font les auxiliaires des Petites Soeurs chez les pauvres dont elles s'occupent.".
Pepita venant de la haute aristocratie étrangère parisienne, il est fort probable qu'elle ait été l'une de ces auxiliaires décrites ci-dessus. Enfin, l'origine espagnole de Pepita alias Soeur Carmen de la Cruz a facilité le développement de la congrégation en Espagne, les Monjas Asuncionistas, notamment par l'établissement d'une communauté assomptionniste à Barcelone dès 1903.
De 1903 à 1911, les Petites Sœurs affrontèrent en France procès, poursuites judiciaires et condamnations. Nous en étions aux moments dramatiques de la séparation de l'Eglise et de l'Etat, notamment avec les lois de 1905 et la confiscation des biens d'Eglise.
En réaction à cette nouvelle donne, la congrégation doit s'expliquer et des conférences sont organisées dans tout le pays. C'est dans ce cadre qu'une conférence fut donnée à Nevers, le 20 avril 1913, par H. Talabot, à la Fraternité des petites-soeurs de l'Assomption garde-malades des pauvres à domicile de cette ville.
Une place à Paris, dans le 15ième arrondissement, située entre la rue de l'Eglise et celle des Entrepreneurs, construite en remplacement de la voie de l'ancienne commune de Grenelle, la place Félix Faure, voisine de la maison principale de la congrégation, prit le nom d'Etienne Pernet par arrêté du 13 novembre 1964.