Petite histoire des occasions manquées :
- En l'An VIII, Moulins-Engilbert
doit être la sous-préfecture de la quatrième circonscription
de la Nièvre. Suite à des relations très froides, voire
orageuses entre Jean-Baptiste Colon, maire de Château-Chinon, et
François Isambert, maire de Moulins-Engilbert, qui vont
s'envenimer entre ce dernier et le Préfet Payen de Vigneulle par
la question des désertions et des cloches de Sermages et de
Commagny, le Gouvernement opte par le choix de Château-Chinon
comme sous-prefecture, laquelle va être confirmée en 1815. En
effet, une nouvelle route est en construction entre cette ville
et Nevers, facilitant ainsi les relations entre la Préfecture de
la Nièvre et la Sous-Préfecture de la quatrième
circonscription.
- 1810 : A la demande de Jean-Baptiste Colon, maire de Château-Chinon, qui fit des pressions en ce sens à Paris, Moulins-Engilbert doit, suite au décret du 10 août 1810, transférer le Tribunal Civile à Château-Chinon. La question des locaux de détention des prisonniers en l'ancien couvent des Ursulines aurait été un argument convaincant de ce transfert.
- 1815 : le maire de Moulins-Engilbert, Gilbert-Jacques Curé de
la Chaumelle, qui est sur le point de récupérer le Tribunal
Civil après une controverse avec Château-Chinon, manque à ses
obligations de subordination aux pouvoirs établis dans la
décision du transfert, et perd ainsi tous ses droits obtenus du
Gouvernement : le tribunal restera à Château-Chinon, et le sera
jusqu'à nos jours... du moins jusqu'au décret 2008-145 du 15 février 2008 portant sur la fermeture des tribunaux civils de Château-Chinon et de Cosne-Cours-sur-Loire.
- 1832 - 1842 : le canal du Nivernais doit initialement passer
par Moulins-Engilbert. Les maires d'alors, Marie-Jean Alloury et
Jean-François Lorry, ne montrent pas un désir ardent à ce
projet. En fait, les habitants de la commune n'en comprennent pas
l'avantage et se désintéressent complètement du projet, qui ne
verra donc pas le jour. Le canal passera à Panneçot et Tamnay.
- 1852 : A la demande de Charles Bonneau, maire de
Moulins-Engilbert, une bretelle du canal du Nivernais doit être
construite suite à l'abandon du projet précédent. Le manque de
conviction de l'administration, des habitants et du conseil municipal entraîne
l'annulation de ce projet dit "de la dernière chance".
- 1874 - 1875 : suivant un dossier qui a été déposé dès 1862 en mairie sous les mandats de Louis Pougault et Paul de la Chaumelle, la voie ferrée à voie normale de Corbigny à
Cercy-la-Tour doit passer par Moulins-Engilbert. Les maires
d'alors, Jean-François Moreau, puis à nouveau Louis Pougault, semblent avoir surtout convaincu
l'Administration de leur incapacité à soutenir ce projet, qui est
abandonné, avec la construction de la voie ferrée et de la gare
de Moulins-Engilbert à Panneçot, en 1878.
- 1886 : Une ligne à voie métrique de six kilomètres est
projetée entre Panneçot et Moulins-Engilbert. Le Département
s'oppose à ce projet, défendu par Ernest Leveille, maire de
Moulins-Engilbert, car trop peu rentable. Le projet doit être
repensé.
- 1893 : Projet de création d'une liaison ferroviaire à voie
métrique entre Panneçot et Autun via Moulins-Engilbert. Ce
projet, soutenu par le Département de la Nièvre, présenté par
Albert Rabion, maire de Moulins-Engilbert, sera rejeté par le
Département de Saône-et-Loire au profit de la relation
Autun-Château-Chinon, effectivement démarrée en 1900 depuis
Autun et provisoirement arrêté en gare d'Ahez-Corcelles en 1904. Une ligne à voie métrique, ne dépassant pas
Moulins-Engilbert, sera néanmoins construite depuis Châtillon
et Tamnay en 1908.
La liste n'est pas close...
- 1960 - 1980 : le lobby agricole s'oppose par ses élus à l'implantation de petites industries demandeuses sur le canton de Moulins-Engilbert au prétexte que celles-ci soustrairaient des terres et de la main d'oeuvre à l'agriculture ; question de salaires... Le lobby politique local, mêlant souvent intérêts privés et politiques, freine également toute possibilité d'implantation industrielle significative porteuse d'emplois et de population nouvelle. Contre vents et marées, Moulins-Engilbert reste une ville essentiellement de marchés. Avec l'exode rural et la mécanisation, cette main d'oeuvre a de toute façon disparu, au profit des grands centres industriels (Val de Loire, Nevers, Imphy, Cosnes-sur-Loire, Paris, Lyon, Châlon-sur-Saône). Le Plan d'Occupation des Sols ne prévoit que quelques zones artisanales.
- 2002 : Echec de la constitution de la Communauté de Communes (celle-ci apparaîtra trois ans plus tard, et le maire de Sermages en sera le président). Trop d'opposition entre les communes villageoises et le bourg cantonal, trop de rivalités entre élus et notables locaux, rivalité traditionnelle entre Moulins-Engilbert et Saint-Honoré-les-Bains.
- 2005 : Les professions de santé
n'adhèrent pas chaudement au projet de création d'une maison
médicale à Moulins-Engilbert. Le projet, initié par un médecin en vue de réagir au sous-équipement sanitaire des zones rurales vieillissantes, et soutenu par la commune de Moulins-Engilbert, la Région
et la Préfecture de la Nièvre, aurait dû être réalisé en
2006... Le chantier démarrera concrètement le 6 novembre 2006 et aboutira fin 2007 début 2008 avec la constitution d'une Société Civile de Moyens le 7 février 2008.
- 2006 : La Commune, après avoir longtemps été indifférente à l'Internet, à la grande désolation des étrangers et des entreprises, commencerait tout juste à découvrir l'intérêt de ce système d'information, ce notamment après l'installation sur son territoire de l'ADSL en juillet 2004 et l'ouverture d'une Cyber Base en 2005 au Collège de Moulins-Engilbert. Un site, plus large et pris en charge par la Communauté de Communes Sud-Morvan (sept communes), serait assurément d'un meilleur intérêt.
Conclusion : La ville de
Moulins-Engilbert avait 3.546 habitants en 1886. Elle n'en a plus
que 1.571 en 1999... Le canton avait 14.532 habitants en 1886, il
n'en a plus que 4.302 en 1999.
Sources : Serges Bernard, Pierre Péré, Moulins-Engilbert, Regards, 1989 ; Gabriel Vannereau, Moulins-Engilbert au 19ième siècle, 1972 ; archives communales et départementales, 1950 - 2006.