Le nom, présent dans la Nièvre jusque dans la deuxième moitié du 19ième
siècle, se concentre principalement en Bretagne orientale, Mayenne et
Maine-et-Loire essentiellement, et dans les Charentes. Il se répand actuellement dans le Dauphiné, en
région PACA et dans les départements
pyrénéens en passant par les pays de cocagne, le Limousin et le Ségala
aveyronnais. En Ile-de-France, il s’est implanté à Paris et dans les Yvelines
principalement, avec une extension récente en Picardie. En Bourgogne, le patronyme
de Ravary est encore décelé en Côte d’Or, dans
l’Yonne et en Saône-et-Loire, mais en très faible nombre et encore,
semble-t-il, sans qu’il n’ait été récemment décelé de naissances sous ce nom.
Et pourtant… Dans la Nièvre,
l’implantation est très ancienne puisqu’on la voit dès le 16ième
siècle, à Moulins-Engilbert principalement. Sur les origines, deux hypothèses s'imposent : soit le patronyme de Ravary est un dérivé de l'endémique nivernais "Ravery", encore détecté, soit les Ravary
de la Nièvre
ont dû, par le commerce du sel, du vin et des bois flottés, venir d’Anjou par la Loire vers le 15ième
siècle. Dans cette deuxième hypothèse, le Morvan viticole (sic) et forestier leur a donné l’occasion de se sédentariser et de
faire fortune par le commerce du sel, du bois et la viticulture. Dès la deuxième moitié
du 18ième siècle, la famille s’établit dans les communes voisines où
on la voit jusqu’à une quarantaine de kilomètres. L’extension se poursuivant, ce nom est donc également
vu, directement ou par alliance, dès le 18ième siècle et plus tard, à
Guipy, Aunay-en-Bazois,
Donzy, Menou, Varzy,
Châtillon-en-Bazois, Decize, Dienne-Aubigny, Entrain-sur-Nohain, Montigny-sur-Canne, Onlay, Rouy, Saint-Benin-d’Azy. Notons qu'ils n'ont pas essayé de conquérir le Morvan car leur rôle était surtout de distribuer le bois roulé ou flotté dans les contrées voisines, de gérer des vignobles et d'en vendre les produits dans les alentours. La famille a donc surtout été bazocienne. Depuis, le nom a complètement
disparu de la place moulinoise et, plus largement, de la Nièvre. La disparition du Grenier à sel en 1790, l’extinction de l’économie viticole dans
la région à la fin du 19ième siècle suite aux gelées et au
phylloxéra, la disparition du négoce du bois par bûches perdues et flottage du
bois dans les années 1920, le transfert du tribunal civil à Château-Chinon en
1811 sont une explication très plausible de cette disparition car la famille
vivait essentiellement des activités déjà décrites et du grenier à sel et, dans une moindre mesure,
de professions juridiques libérales. L’exode vers des contrées plus porteuses
d’emplois ou d’opportunités, comme Paris ou Lyon, durant le 19ième
siècle, qui entraînera localement la
perte d’influence irréversible des Ravary, a
largement contribué à la disparition locale de cette importante lignée. Trois
naissances sous le patronyme de Ravary étaient encore
enregistrées dans la Nièvre
à la fin du 19ième siècle. Et puis la biologie a fait le
reste : le défaut de descendance masculine a provoqué la disparition, totale
et locale, du patronyme.
Au 17ième siècle, en 1646 plus exactement, on
voit un Jean Ravary collecteur de la taille : il
était le fils de François Ravary ( ? – 1652) et
de Guillemette Reullon (1588 – 1652), mariée en
secondes noces en 1603 avec lui suite au décès prématuré de Marie Goussot. Le couple allait donner huit (8) enfants. François Ravary était
procureur du grenier à sel. Lui-même était le fils de Mathurin Ravary et de Françoise Chauvelin, issue d’une famille qui
allait devenir illustre, notamment durant le règne de Louis XV. Un autre
François, fils du précédent (1615 – 1686), a été marchand. Avec Jeanne Dorlet ( ? - 1711), il eut quatre enfants dont Pierre
qui fut également marchand. Pierre eut trois enfants avec Gabrielle Guipier (1671 - 1740) dont Léonard (1701 – 1784) qui fut
également marchand de bois. Marié avec Marie-Anne Pougault
(1705 – 1745), il était parti pour avoir une progéniture nombreuse seulement
contrariée par le décès prématuré de son épouse, remplacée par Marie Renard,
épousée en secondes noces. Du premier lit, retenons Joseph, né en 1736, qui
devait épouser en 1764 Marie Ursule Robert de Villecourt,
et qui fut procureur au grenier à sel, et Pierre, qui fut curé à Anizy. Léonard Ravary, né en 1738
à Aunay-en-Bazois, frère du précédent Joseph, curé de
Commagny, fut, en 1789, élu grand-électeur aux communales de Moulins-Engilbert. Du second
lit, notons encore un François Ravary, avocat, conseiller du Roi et procureur au grenier à sel, qui
devait se marier en 1782 avec Marie Josephe Alloury, le couple ayant eu deux enfants connus à ce
jour dont François Léonard Jules Ravary (1783 –
1864) qui fut juge au Tribunal Civil de Château-Chinon. A la veille de la Révolution, François Ravary, était, du fait de ses activités au grenier à sel et de négociant en vin, un des plus riches bourgeois de la ville de Moulins-Engilbert : il possédait pas moins de quatre (4) maisons dans le faubourg de Bourgogne (rue Chaude) et était entouré de plusieurs domestiques. François Ravary fut membre du Conseil Municipal sous les deux mandats de Gilbert Jacques Curé de la Chaumelle, de 1813 à 1830. Nicolas Ravary, son cousin, est noté comme marchand lors de son élection à
l’Assemblée des Grands-Electeurs et un Ravary est
même noté comme notaire royal à Moulins-Engilbert. Pendant la terreur, Joseph Ravary, officier municipal de Moulins-Engilbert, hébergea tous les hôtes de la maison seigneuriale du Pavillon, à savoir les de Ganay et leurs domestiques. Au 19ième siècle
qui suivit, les Ravary, en perte de vitesse, semblent
n’avoir pas eu – ou voulu avoir - de rôle politique local particulier ou
important.
Dans toute la province du Nivernais, le sel était frappé d'un impôt constituant un monopole royal exercé par des fermiers généraux. C'était la gabelle. Les Ravary étaient porteurs de cette charge depuis le 17ième siècle. Cette charge devait disparaître en 1790 avec la fermeture du grenier à sel et la suppression de la gabelle et du gabelage de Moulins-Engilbert.
D’une famille de commerçants plus ou moins
riches, la condition sociale des Ravary semble se
diversifier à la fin du 18ième siècle et au 19ième siècle
suivant. Jusqu’au début du 19ième siècle, on a surtout vu, entre
autres activités de négoce, des Ravary gérer des
parcelles de vignoble (notamment sur les coteaux de Commagny)
et distribuer du vin dans toute la région et même au-delà, cabarets et
particuliers ; au cours de ce même siècle, on a aussi vu des Ravary investir des professions jusque là surtout dévolues
à la noblesse de l’ancien régime (notaire, avocat, juges…). En plus de ces professions, quelques Ravary entrèrent en religion, comme à Anizy et à Commagny. Ainsi Pierre Ravary fut vicaire du secteur de Moulins-Engilbert de 1801
à 1814. Des lignées parallèles se sont expatriées emportant avec elles les
traditions du négoce en vin. Un certain Jacques Ravary
était marchand de vin à Paris au 18ième siècle et avait son magasin
à Ablon, Paul Ravary était
marchand de vin à la halle de Paris. Comme l’attestent quelques sentences
rendues en l’élection de Paris au 18ième siècle, ces deux marchands
n’étaient pas de la première honnêteté et étaient parfois violents…
La maison Ravary, de belle facture, est encore visible, quoique bien
défigurée actuellement, dans la partie haute de la rue Chaude à
Moulins-Engilbert. Elle a été construite hors remparts au début du 16ième siècle
et est parfaitement reconnaissable par
ses deux fenêtres à meneaux prismatiques. En 1787, une maison plus vaste
fut construite à côté par François Ravary, celle que l’on dénomme actuellement Maison Ravary-Duvernoy, nom du couple qui y avait habité au siècle
suivant. Marie Ravary (1838 – 1915) s’était
effectivement mariée en 1860 avec Jean-Marie Duvernoy (1829 – 1927), propriétaire
aux Maillards, sur la commune de Sermages.
Les mariages avaient lieu généralement à
Moulins-Engilbert dans le petit milieu de la bourgeoisie moulinoise. Des noms
comme Pougault, Robert de Villecourt,
Alloury, Reullon, Goussot, Guipier, Rebreget, Chauveau, Duvernoy, Dorlet,
Renard, Joing… ont été, dans les diverses alliances, des
patronymes bien connus de la place moulinoise et des environs. Il y avait de la
consanguinité avec une présence Pougault dans les
ascendants de la jeune fille Robert de Villecourt
lorsqu’elle se maria avec Joseph Ravary en 1736. Car,
dans le petit monde moulinois, la consanguinité par cousinage était fréquente. Notons cependant que des mariages ont eu lieu au 17ième et 18ième siècles avec les familles Gondier de Thars, de Château Chinon, et Martin de Thard, de Saint-Prix et d'Onlay.
Actuellement, plus de 5 % des français ayant Ravary pour nom de famille vivent dans le Maine-et-Loire
(49). 353
personnes portent en France le nom Ravary
aujourd'hui, selon les estimations de L'Internaute, 648 depuis la création de
l’état civil. Le patronyme, certes disparu de la Nièvre, mais pas totalement
de Bourgogne, n’est donc pas près de s’éteindre sur le territoire français, et
en particulier dans l’Ouest angevin et breton, même s’il n’est pas un des plus
courants. Les Ravary dans leurs diverses lignées,
angevines surtout ou accessoirement bourguignonnes, s’imposent
intellectuellement. Une thèse pour le doctorat de l'Université de Paris a été
présentée à la Faculté
des Lettres par Melle Berthe Ravary (1886 - 19..) le
14 février 1953 et portait sur Jean-Baptiste L'Ecuy, dernier
abbé général des Prémontrés en France (1740-1834). Yveline
Ravary est actuellement inspecteur général de l'Education Nationale ; nutritionniste, elle a publié
ces dix dernières années quelques ouvrages portants sur les questions de la
nutrition et de l’alimentation. Bérangère Ravary a,
en 2003, publié un ouvrage sur la néonatalogie du veau. Une certaine Dominique Ravary s’est lancée dans la médecine psychiatrique et a été
l’auteur d’une thèse sur l’évolution des pratiques institutionnelles en Italie
de 1960 à 1978. D’autres Ravary, Isabelle et Jean-Gabriel
en particulier, ainsi que Catherine Ravary, se sont également fait connaître dans le Dauphiné et les Savoies, régions nouvellement investies, où ils ont acquis une
très grande expérience de l’alpinisme.
Le patronyme Ravary
est actuellement présent au Québec (Nouvelle-France). François Ravary Francoeur (1732 – 1812) est, dans la Mayenne actuelle, l’ancêtre
des Ravary du Canada.
Sources : Généanet, 2007 ; Bibliothèque Nationale de France : divers factums ; Gabriel Vannereau, 1962 ; Victor Gueneau, 1900 ; Jean Tosti, 2006.