Vers un tourisme de passage : l'ère des autoroutes - Page 17/21 - <Page précédente> <Page suivante>
La France et l'Europe occidentale se dotent progressivement d'un réseau autoroutier de plus en plus dense et complet, emboîtant le pas sur l'Allemagne et l'Italie : 5.700 km d'autoroute construits en 1990, environ 11.000 km construits à ce jour sur l'hexagone. La France, qui disposait du meilleur réseau routier des pays d'Europe avant guerre, avait pris du retard et les embouteillages étaient devenus légendaires à la sortie des grandes villes, notamment aux fins de semaines. L'Etat s'avérant incapable de construire lui-même ses autoroutes, leur concession et mise à péage ont été autorisées par la loi du 18 avril 1955. Cinq sociétés concessionnaires sont créées, d'économie mixte, dont le capital est très faible et détenu par des collectivités locales, et dont le rôle se limite à percevoir le péage et à tenir les comptes. Ce jusqu'à la loi du 4 décembre 1969 et le Décret 70-398 du 12 Mai 1970 donnant aux sociétés concessionnaires une responsabilité véritable dans la construction et la gestion des autoroutes. En 2003, 7.720 km d'autoroute ont été ainsi concédées.

Sur la Nièvre, l’autoroute A77, greffée sur l’A6 en 1999, est poussée, par tronçons, de Dordive jusqu'à Nevers entre 1995 et 2004 ; elle avait été demandée par les élus au début des années ’80 et le contournement oriental de Nevers sera réalisé dès 1997 avec la construction en 1995 du Pont Pierre Bérégovoy sur la Loire. Sur toute sa partie concédée à la Société des Autoroutes Paris Rhin-Rhône, concrètement la partie principale traversant le Gâtinais jusqu’au val de Loire, soit jusqu'à Cosne-sur-Loire, elle suit un thème qui est celui de l’arbre, cela suivant la préoccupation nouvelle de la préservation de l’environnement. Commencée de Dordive en 1999, arrivée à Cosne-sur-Loire dès 2000, sa réalisation complète jusque vers Magny-Cours avec la jonction de tous les tronçons aura lieu en 2004 après les raccords de Pougues-les-Eaux en 2002 et de Pouilly-sur-Loire en 2004, et la mise aux normes autoroutières des déviations préexistantes de Cosne-Cours-sur-Loire et de la Charité-sur-Loire. Mis à part le pont Bérégovoy déjà cité, l'ouvrage a nécéssité la construction de deux autres viaducs, l'un à Briare (en 2000) et l'autre à Pannes (1999), ainsi qu'un remblai exceptionnel au franchissement de la vallée de Saint-Loup. Cette autoroute devrait - mais les travaux sont actuellement arrêtés - être poussée jusqu'à Moulins-sur-Allier, déjà contournée, par Magny-Cours et Saint-Pierre-le-Moûtier, ce dans le cadre d'un projet d'aménagement à 2x2 voies de la N7 entre Nevers-Sud et Roanne suivant les décrets ministériels de  1979  et
1980 et une prorogation de Déclaration d'Utilité Publique en date du 20 septembre 2000. Décrété prioritaire en 2002 puis en 2003, juste derrière le viaduc de Milhau, le projet n'est plus dans le CIAT depuis 2004 alors que les dossiers sont techniquement prêts et que le tracé est défini depuis longtemps. Cela dit, une somme de 45 millions d'Euros, qui pourrait être portée à cinquante (50), a été versée en 2006 à l'Etat pour la construction de la portion entre Nevers et Magny-Cours, somme qui reste à affecter. Une association, l’Association Nivernaise pour la poursuite de l’A77, a été créée le 19 février 2004 en vue d'argumenter avec leur paires de la Loire et de l'Allier pour la poursuite de l'ouvrage qui, non concédé sur la partie Val de Loire, y reprend peu ou prou  le  tracé historique de la légendaire Nationale 7 qui reprend elle-même peu ou prou celui de la voie aurélienne devenue Route Royale puis Impériale n°8. Celle-ci, du moins ce qu'il en reste, a été déclassée et passée sous administration départementale en 2006 avec la réforme des Régions survenue en 2004.

Sur le plan local, cela s’est assez rapidement traduit par la venue régulière - ou retour - des citadins pour la plupart émigrés du Morvan dans leur maisons de famille ou village d’origine. Moulins-Engilbert n’est plus à présent qu’à deux heures et demi de Paris et, avec l’amélioration de la sécurité routière, des habitants n’hésitent plus à parcourir plus de 100 km pour aller travailler, qui à Nevers, qui sur Autun, voire même sur Paris avec la A 77 moyennant un aller et retour hebdomadaire. Le tourisme de passage peut également largement se développer là où, à l’exception de Saint-Honoré-les-Bains, il n’existait pas vraiment ou pas du tout. La constitution du Parc Naturel Régional du Morvan en 1971 n’a fait qu’accélérer et organiser cette tendance vers un tourisme vert et de passage, et le Morvan, jadis si isolé et reculé, commence à être connu. Terre d'exode, il attire maintenant touristes et retraités. L’internationalisation du réseau autoroutier, notamment avec les réseaux du Bénélux, du Royaume-Uni et de l’Allemagne, l’abolition des frontières économiques au sein de l’Union Européenne, l’informatisation des moyens de communication (internet...) et l’exode des ruraux vers les grandes villes, attirent des populations citadines étrangères plus fortunées et exigeantes, de plus en plus nombreuses et éloignées en distance mais proches en temps de parcours, qui profitent d’un patrimoine immobilier traditionnel relativement bon marché, devenu disponible à la vente dans une région très rurale appréciée pour sa faiblesse démographique, et encore préservée, pour y passer leurs vacances. Si l’intensité des circulations est très moyenne en saison creuse, elle triple facilement entre mai et septembre.