Les Sallonnyer ont été, sur Moulins-Engilbert et environs, l'une des plus importantes et anciennes familles de la noblesse terrienne locale. On la détecte dès le 15ème siècle. Son héraldique la décrit ainsi : d'azur à la salamandre d'argent sur son brasier de gueules. Quant à l'orthographe du nom, elle a varié suivant les siècles et les lignées : ainsi a-t-on vu des Salonier, des Sallonyer (orthographe retenue pour une rue bien connue de Moulins-Engilbert), des Sallonnyer... Il semble que la dernière orthogrpahe ait été celle retenue au début du 19ième siècle avec l'établissement de l'Etat Civil.

Le plus surprenant est que cette famille ait "quasi" entièrement disparu de nos jours. On en voyait encore d'importants représentants après la Révolution, retenons en particulier François Sallonnyer de Chaligny qui fut, jusqu'en 1830, année de son décès, sous-préfet de Château-Chinon ; socialement, il avait épousé une fille de la noblesse locale Bruneau de Vitry, une certaine Euphrasie.
- Politiquement, les Sallonnyer intervinrent à des degrés divers dans la vie locale : ainsi en 1490, Guillaume Sallonnyer fut capitaine du Château de Moulins-Engilbert, puis ce fut Lazare et enfin, en 1625, Jacques ; ils intervinrent dans la vie municipale de Moulins-Engilbert et de Maux (François Sallonnyer de Chaligny en fut le maire), en particulier durant le 19ième siècle et le maire de Beaune, en Côte d'Or, élu en 1823, Pierre-Alphonse Routy de Charodon (1804 - 1865) était l'époux d'une fille Sallonnyer, Pauline Louise Euphrasie Sallonnyer de Chaligny (1818 - 1903), mariée en seconde noce avec lui. Plus proche de Moulins-Engilbert, c'est encore une fille Sallonnyer, Marie Madeleine Emilie, qui se maria en 1805 avec Jacques Gilbert Curé de la Chaumelle qui fut maire de Moulins-Engilbert de 1813 à 1815, successeur de François Isambert.
- Judiciairement, jusqu'au 18ième siècle inclus, ils intervinrent au niveau du Royaume et du Duché par des emplois à la Cour de France et de Bourgogne, notamment dans la magistrature ; ainsi, au 16ième siècle, Erard Sallonnyer (ca 1525 - 1573) fut marchand et procureur fiscal à Moulins-Engilbert et Guillaume Sallonnyer était juge de Moulins-Engilbert, lequel fonda en 1619 la chapelle dite Sallonnyer en l'église de cette paroisse pour y être enterré en 1621 ; ainsi, au 17ième siècle, un certain Pierre Sallonnyer du Pavillon, décédé en 1679, fut lieutenant général criminel et un autre Pierre Sallonnyer (1664-1705), seigneur de Boux et du Pavillon, fut échevin de Nevers ; un certain Guillaume Sallonnyer de Chaligny (? - 1761) fut au 18ième siècle écuyer, conseiller, auditeur à la chambre des comptes de Dole, dans l'actuel département du Jura, avant sa suppression en 1771 ; Jean-Joseph-Pierre Sallonnyer, seigneur d'Avrilly, Tamnay et autres lieux, avait été mousquetaire de la garde ordinaire du Roy, bailli d'épée au bailliage royal du Nivernais, avant que n'éclatent les événements de 1789 : le 20 février de cette année, il convoqua les membres des trois ordres de toute la province du nivernais (y compris le bailliage de Nevers), pour le 16 mars suivant, à St Pierre-le-Moûtier. Enfin, un certain Vincent Sallonyer fut directeur à Saint-Domingue dans le cadre du génie civil sous le Directoire. C'est lui qui devait s'occuper de réaménager les cellules des Ursulines aux fins de réintégrer le Tribunal Civil à Moulins-Engilbert.
- Militairement, les Sallonnyer ont eu des fonctions importantes et, en 1788, on en comptait plus d'une dizaines comme Officiers et Sous-Officiers de l'Armée Royale. Pendant la Révolution, un certain Jacques Claude Sallonnyer (1736 - 1823), né et mort à Moulins-Engilbert, qui était inspecteur des fortifications dans le Dauphiné et présidaient avec quelques autres militaires un comité royaliste dit "comité des cinq" avant le 18 Fructidor, fut destitué le 13 nivôse an VI car parent d'émigrés : en effet, Charles François Sallonnyer de la Mothe, sous-lieutenant au régiment du Vexin et en cantonnement à Monaco, passa en Italie dès 1789 et son cousin, François Sallonnyer de Chaligny, s'expatria en 1792. Charles François Sallonnyer de la Mothe (Sallonnyer Lamotte ou Salonnier La Mothe) fut finalement amnistié en l'An XIII (1806) du Nouveau Régime. Jacques-Claude avait un cousin germain, Pierre Sallonnyer de la Roche (? - 1810), qui fut volontaire au siège de Mahon en 1756 ; il avait été par ailleurs conseiller en l'élection de Château-Chinon et, le 23 novembre 1762, s'était marié à Sermages avec Jeanne Guillier de Tramançon. Au 19ième siècle, un certain Sallonnyer de Tamnay était, avec Boyer de la Bonère, Demalet de la Vedrine, capitaine d’état-major lors de l'embarquement des troupes françaises pour Alger en 1830 : cette formidable escadre devait jeter 40 000 hommes sur les côtes d’Algérie ! Sallonnyer de Tamnay était commandeur de la Légion d'Honneur, ancien aide-de-camp du maréchal McDonald ; il avait un frère, officier supérieur d'Etat Major, qui mourut des suites de ses blessures à l'attaque du fort l'Empereur dont la prise précéda celle d'Alger.
- Foncièrement, les Sallonnyer avaient de nombreuses propriétés, domaines et châteaux dans la région ; hormis l'hôtel particulier de la rue qui en prit le nom, les Sallonnyer ont détenu, un certain temps du moins, par mariage le plus souvent, mais aussi par achat, les domaines et châteaux du Pavillon (Moulins-Engilbert), de Montjoux (Préporché), de la Montagne (Saint-Honoré), de Chaligny (Saint-Hilaire-en-Morvan), de Mont, de Chamdiou (Maux), d'Huez (Bonna)... C'était encore un Sallonnyer, celui-là de Montbaron, seigneur d'Argoulay, qui détenait au 18ième siècle, outre la Montagne déjà citée, le domaine, l'étang et le moulin des sources thermales de Saint-Honoré jusqu'à leur acquisition par un certain Lacroute, cultivateur, à la Révolution Française.
- Enfin, économiquement, et historiquement, un certain Jean Sallonnyer, qui fut également contrôleur du Roi pour l'élection de Château-Chinon au 16ième siècle, mit au point, sous François Ier, la technique d'acheminement du bois de chauffage pour la ville de Paris par le système du flottage par bûches perdues jusqu'à Clamecy, et par trains de bois, notamment depuis Clamecy, jusqu'à Paris. Pendant longtemps, et jusqu'à la Révolution, son portrait pouvait être vu à l'Hôtel de Ville de Paris. Jean Rouvet en fut le réalisateur technique ou la caution. Guillaume Sallonnyer, frère de Jean, établit vers 1550 des écluses ou perthuis propres à faciliter le flottage.

Le berceau en était indéniablement Moulins-Engilbert, et le domaine de Varennes, qui se trouvait alors sur Sermages, en fut le bastion. Un certain Sallonnyer de Varennes, Charles, fit l'objet d'une biographie écrite par sa fille sous le titre de "Souvenirs d’un émigré", récit d’un long voyage à pied, et des campagnes militaires de l’armée des Princes avec des chansons de circonstance, pour la période 1792 - 1852 ; cet ouvrage est déposé à l'Association Pour l'Autobiographie sous le numéro 2205. La famille étant très vaste, les lignées nombreuses, l'habitude, devenue une règle au 19ième siècle, était d'ajouter au patronyme le nom du domaine ou de la terre possédée. Ainsi a-t-on vu des Sallonnyer de Rosemont, d'Argoulais, de Chaligny, de Nion-de-la-Villette, de Varennes, de la Mothe de Varenne, du Vernay, du Perron, de Thiot, de Tamnay, de Chamdiou, d'Avrilly, de la Garde, de Champré, de Boux, de la Roche, etc... Les noms de domaine ou de village associés au patronyme nous informent que la dispersion de cette famille était finalement assez limitée.

Il est remarquable que ce patronyme, venant d'une famille aussi puissante, ait complètement disparu de nos jours, ce depuis la première moitié du 19ième siècle, non seulement de la région mais encore nationalement, l'émigration des féodaux durant la Révolution Française ou l'écatombe de la Première Guerre Mondiale ne justifiant pas tout. En fait, peu de Sallonnyer émigrèrent et ceux qui émigrèrent revinrent tous à la faveur de la loi d'amnistie de 1802. La raison est sans doute biologique : les descendances mâles vinrent à manquer et le patronyme disparut avec l'absence de descendances mâles ou absence de desendance tout court. Le patronyme est donc actuellement déclaré "mort" ou "fossile".

Les généalogistes et des particuliers en recherche de leurs origines, comme Patrick Pougault ou Jean-Luc Tissier, ont depuis lors, en fonction de leurs objectifs, construit des arbres plus ou moins détaillés sur cette famille nivernaise, que l'on pourra consulter notamment sur Généanet, un des sites les plus puissants du monde sur la richesse des informations généalogiques traitées. Les familles Pougault, de Carné, Darbois, de Bast, Laumain, etc, toujours existantes même si, pour certaines d'entre elles, elles n'ont plus de présence physique à Moulins-Engilbert et environs, en seraient les descendantes directes ou indirectes.

Sources (pour les plus importantes) : Geneanet, 2007 ; Jean Jaubert, 1837 ; Albert Rabion, 1910.