L'Empire Romain (voir carte du Pays Eduen) - Page 3/21 - <Page précédente> <Page suivante>
A partir du troisième siècle avant J.C., bien que plus tard en nos contrées (entre 52 et 34 avant JC suivant les conquêtes), les romains reprirent ce réseau qui va être réorganisé au fil de la chute ou de l’apparition de centres urbains, avec des techniques plus élaborées puisque les activités militaires se rajoutèrent aux échanges économiques proprement dits, de villa à villa notamment, l'une des plus belles, une villa urbanae, ayant été découverte près de Saint Germain-des-Champs, la plupart étant cependant des exploitations plus modestes comme les villa rusticae. Ce qui permit un meilleur brassage - pas forcément pacifique - des populations, éduennes et romaines. Administrativement, nous nous trouvions, à partir de 27 av J.C., dans la Gaulle lyonnaise (lugdunensis Caesari), l’essentiel des voies principales démarrait de Lugdunum (Lyon) et irriguait jusqu’en Bretagne, le Nord de la Seine et Divio (Dijon), et environ 15.000 km de voies principales furent tracées pendant cette période sur le territoire de la France actuelle. Auguste avait à cet époque, fait diviser la Gaulle en quatre provinces et en soixante cités. Autun était la capitale de la cité des Eduens dont relevait le Nivernais. La Via Agrippa passait à Autun, Saulieu et Avallon, reliant Arles à Boulogne-sur-Mer, rejoint par les itinéraires de Bordeaux, Clermont, Paris, Rennes..., une branche de la via Aurelia passait par Noviodunum Aeduorum / Nevirnum (Nevers) en provenance de Roanne, une autre reliait Autun à Orléans par Enteranum (Entrain-sur-Nohain) et passait par la Villa Castini (Châtain), Catinone (Château-Chinon) et les Bardiaux à Corancy. Les sources d’Arbandal furent désormais exploitées par les Romains dès -52 sous forme de thermes, les Eaux de Nisincius (Aquae Nisincii), pour le repos des soldats, dénomination que l'on revoit à Bourbon-Lancy (Aquae Boruonis Nisincii). Dans le pays éduen, elles avaient une position centrale. N’oublions pas les combats contre les Helvètes, qui fuyaient devant les Germains, et les Eduens, entre autres tribus, les batailles d’Alésia (Alise-Sainte-Reine) au Nord, les prises de Gorgobina / Borbonia (Gergovie / Yseure) au Sud et de l’oppidum de Bibracte, ce dernier à l’Ouest, sur le mont Beuvray actuel.

Avec la romanisation, les voies locales se sont développées avec, pour les principales, la création de ponts et de chaussées cailloutées ou dallées, bien que très vite abîmées par les surcharges et les périodes de dégel. L'axe Augustodunum (Autun) - Avaricum (Bourges) est très visible sur les communes de la Celle, de Roussillon-en-Morvan et d'Arleuf, correspondant grosso modo à notre actuelle D978, un autre axe, plus au Nord, encore très visible actuellement et connu actuellement dans le Cher sous le nom de chemin de Jacques-Coeur, reliait Avaricum à Autessiodurum (Auxerre) par Gortona (St-Thibault, Cher), Cosne (Condate) et Entrains-sur-Nohain (Enteranum), sans qu'on sache trop si la traversée de la Loire à Saint-Satur se faisait par un gué pavé ou par un pont, bien que des traces de piles soient très visibles lors des étiages du fleuve en amont du pont actuel. Citons aussi celle reliant le camp romain de Boux (retranchement rectangulaire de 105 x 70 m), sur l’actuelle commune de Limanton, à Châtillon d’une part, et celle, large, bien  empierrée,  jalonnée  de  fontaines,
reliant le castrum au fort de Catinone (Château-Chinon) d’autre part, via les relais de Sermages, des Maillards, de Villacot et Champcheur, composante de la voie romaine Autun-Nevers par le rocher de Decetia (Decize), ville éduenne avant d'être le repère guerrier de Jules César ; celle reliant Arbandal, devenu Nisincius avec les Romains, à Catinone (Château-Chinon) en passant par Unlayum (Onlay) ; celle reliant Bibracte à Alluy via l'Hâte et Nisincius avec la variante de Pria Procorum (Préporché), dont on peut voir encore quelques vestiges sur la commune de Préporché, près des Morillons et sur la Vandenesse (appellation locale de la Dragne) près de Mary, lieu d’une ancienne villa ; celle reliant Semelay à Bibracte en passant par Arbandal, rejointe par la voie d'Alluy, qui contournait le Mont-Genièvre sur son flanc oriental par Sanglier ; celle, plus tardive, reliant Moulins à Augustodunum (Autun) via Nisincius et Bibracte, le tracé ayant été déplacé vers le Nord et Le Puits suite à la chute de cette dernière, ou vers le Sud, dans la vallée de l’Alène via Alisincum (Luzy). Ces voies, qui généralement évitaient les vallées encaissées, à l’instar des antiques drailles du sud de la France, étaient surtout conçues pour des déplacements pédestres ou à dos d’ânes ou de cheval, et allaient au plus droit en profitant des croupes arrondies du Morvan, souvent avec des pentes sévères. Avec l’utilisation progressive de convois, notamment militaires, le plus souvent à un essieu, le franchissement des reliefs nécessita des tracés plus respectueux des courbes de niveaux. C’est ainsi que le tracé d’Unlayum à Catinone (Château-Chinon), qui traversait les plus hauts sommets du Morvan, fut progressivement abandonné au profit du passage de Champcheur ou de Poiseux alors qu’il continuera d’être emprunté, à quelques variantes près, entre Nisincius et Unlayum... jusqu'à nos jours. Quant à la voie gallo-romaine Moulins-Château-Chinon, une des plus importantes de la région, elle ne fut définitivement abandonnée sur sa totalité comme voie de grande communication que lors de la construction de la route de Chaligny en 1837, bien que des chemins subsistent encore actuellement, plus ou moins bien entretenus, certains étant repris par le réseau routier rural actuel. En revanche, la voie de Moulins à Decetia (Decize) via Nisincius et Rémilly ou via Vandenesse et Cercy, rejoignant l’axe Burdigalia (Bordeau) - Bibracte / Augustodunum via Boxum (Saint-Léger s/s Beuvray), reste encore largement empruntée par le réseau actuel. C'est cette voie qui sera décrite au Moyen-Âge comme "le grand chemin réal que fit faire feu de bonne mémoire pour le temps qu'elle vivoyt la Royen Brunichède" (terrier de Commagny de 1451), la voie ayant été denommée par la suite "la Burnichède". Ce réseau local gallo-romain se constituait essentiellement de voies secondaires dont la longueur totale dans l’Empire avoisinait les 200.000 km. Ce réseau fut à l’origine du développement de relais (mutatio), d’auberges (mansio), de bornes milliaires (le mille romain est exactement de 1481,50 m, le mille gaulois de 2222 m), tous à l’origine du développement de vicus comme celui des Bardiaux, vers Corancy, eux-mêmes à l'origine de nos bourgs actuels. A l’exception du camp romain de Boux (Boxum ?) et des mottes défensives gallo-romaines à Arcilly, sur la commune actuelle de Limanton, le castrum de Moulins-Engilbert n’avait pas d’importance stratégique particulière dans l’organisation militaire romaine et le réseau ne s’organisait pas comme il le fut à partir de Saint-Honoré. Celle-ci apparaîtra bien après la chute de l’Empire et la destruction des thermes de Nisincius, avec l’établissement des seigneurs d’Engilbert sous Pépin le Bref et Louis le Débonnaire (vers 730).