Au Moyen-Âge (voir carte du Pays Eduen) - Page 5/21 - <Page précédente> <Page suivante>
En 476 après JC, les empires d’Occident et d’Orient se séparent, l’Empire romain se disloque et, avec lui, l’administration des chaussées : les chaussées se dégradent par défaut d’entretien, la circulation charretière diminue fortement vers le 7ième siècle, les ponts, les relais sont détruits ou abandonnés, sans que les cours d’eau, trop petits, ne puissent remplacer à nouveau les voies terrestres. Les cités bordières du Morvan, sur l’Aron et le Trait, reprennent de l’importance, certaines mêmes apparaissent comme Clamecy puis, bien plus tard, Corbigny. Dès 353, les vandales suivis par les Huns en 375, profitent des défaillances de l’Empire pour semer la terreur sur l’Europe. La région montagneuse se dépeuple fortement. Les invasions germaniques et sarrasines font le reste, les Burgondes s'emparent du territoire des Eduens dès 414 et, du réseau gallo-romain, ne subsistent que des sentes mal entretenues et labourées par un charroi tout terrain très peu adapté à des chaussées profondément dégradées. Ainsi en sera-t-il jusqu'à Charlemagne qui, fidèle à la tradition romaine, voulait, sans y parvenir, restaurer ce réseau, ponts, relais et chaussées bien entendu. Les gués pavés des Romains avaient disparu et la Loire constituait un obstacle patent aux voies terrestres. Un pont sur la Loire sera certes construit, mais bien plus tard, dès le 13ième siècle, sur la voie Royale à Nevers, fille de la via aurélienne des Romains qui, venant de Lyon, passait par la ville et ses divers monastères surplombant la Loire avant de remonter le val de Loire vers le Nord, amorçant des échanges entre le Nord et le Sud. Philippe le Bel avait pris le contrôle des "voies royales". Quant à la Loire, contrairement à l'usage qui en est fait maintenant, elle était, hors étiage prolongé et crues dévastatrices, devenue le plus grand axe d'échange de la région face à la décadence des voies terrestres, navigable au seuls chalands ou fûtereaux, trains de bois et autres plateformes, ce pratiquement jusqu'à Roanne. Le fleuve était entretenu par la "Communauté des Marchands fréquentant la Loire" originaire de la "Nautae Ligeris" gallo-romaine, et les droits de passage féodaux y étaient limités. Le fleuve connaissant de terribles crues, un réseau de levées fut très tôt construit le long des berges les plus inondables, d'abord par la Communauté,  puis  par  les  diverses autorités politiques qui se suivirent, dont le Royaume de Louis XI. Dans la région, Decize en constituait le port principal, sur le bras principal  qui est actuellement ensablé. Avant la construction du canal, les cours d'eau secondaires étaient également utilisés et des points de chargement et de rassemblement de bûches étaient aménagés depuis la Haute Antiquité sur la Dragne à Vandenesse et sur le Ru de Chevanne, et un lieu-dit sur la commune de Montaron nous le rappelle encore : Le Port.

Avec l’établissement des seigneurs d’Engilbert à cette époque (vers 730) et la construction du château, quelques ponts en bois de type "dormant" réapparaissent localement mais il fallait traverser à gué le Garat en vue d’accéder aux premières fortifications. Nisincius est détruite par les vandales et les sarrasins et, des anciens thermes romains, ne subsiste plus qu’un étang. Ce ne sont pas les premières paroisses, églises, couvents, comme celui de Commagny, établis dès 650, celui de Mazille, vers 820, et, plus tard, celui dédié à Saint-Honoré en 1010 sur les ruines d’Arbandal suivi par celui des Prémontés en 1188 à Belleveau, qui vont améliorer la situation. C'est l'époque où, entre 886 et 895, les Normands s'établissent en petit nombre dans la région, sans trop de conséquences. En dehors de l'axe Moulins-Château-Chinon, les voies et moyens de communication locaux sont très rudimentaires et sans entretien conséquent. Les échanges diminuent fortement, l’économie agricole devient de moins en moins différenciées et c’est à cette époque que des vignobles sont développés un peu partout, y compris dans des zones à climat peu propice à ce type de culture, comme en plein Morvan. La forêt, exploitée par affouage et paccage et qui tendait à régresser, est provisoirement abandonnée et reprend du terrain... avec son lot de bandits des grands chemins.

Ce n'est qu'en 1184 que Philippe Auguste fait notamment paver les rues de Paris, date à partir de laquelle on retrouve des lois et des prescriptions générales relatives à la voirie publique. Mais ce n'est qu'au 13ième siècle, à une époque où la monarchie est consolidée et où le pays connaît une phase de croissance et d'expansion, que le roulage commence à s'organiser et que l'on s'occupe à nouveau des routes. Ces routes s'articulent localement autours des monastères, prieurés, bourgs naissants et des forteresses, maisons fortes ou châteaux forts, comme celui des Engilbert et celui d'Hugues de Châtillon, sur la Vielle Montagne. Aux 14ième et 15ième siècles, des efforts sont accomplis pour tirer parti de ce qui peut subsister de la voie romaine. Dans la région, l'entretien des routes et des ponts est financé par un système d'aides (auxilia) dites gracieuses, généralement de rigueur, levées du consentement des vassaux par les seigneurs ou les prieurés détenteurs de ces ouvrages.

Corbigny apparaît au 12ième siècle avec l'établissement d'une seigneurie, un monastère s'y étant déjà établi dès 845. Il faut dire que les villes appartienent à des seigneurs ou des évêques qui entretienent tant bien que mal leurs domaines et donc leurs voies de communication. Avec l'établissement de diverses seigneuries, les villes et les voies de communication tendent à se multiplier, surtout à la faveur du commerce et de l'artisanat et, à la faveur des croisades qui endétèrent plus d'un féodaux, certaines villes vont s'affranchir très tôt, comme Moulins-Engilbert. Mais ce n'est que bien plus tard que les voies d'eau, naturelles ou artificielles, reprendront une certaine importance avec l'interdiction du paccage et de l'affouage en forêt, l'exploitation de la forêt pour le bois de chauffage, l'organisation du transport des bois par bûches perdues, soit vers le milieu des années 1500 avec Jean Rouvet et Guillaume Sallonnyer, et l'aménagement d'étangs de rétention sur les bassins versant de la Cure et de l'Yonne destinés au lâcher des bûches jusqu'au port de Clamecy dont l'origine ne remonte pas au-delà du 6ième siècle.