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La distribution et les infrastructures de l'électricité |
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Historique
Les 10 communes du canton faisant partie des 293 communes rurales de la Nièvre (sur les 313 que compte le département), l’électrification, qui est une de leur compétence, notamment depuis 1906, a été relativement tardive pour certaines d’entre elles : en effet, avant 1930, priorité était donnée à l’électrification des communes les plus industrialisées, notamment celles du val de Loire, et certaines communes morvandelles du canton de Moulins-Engilbert ne durent leur salut que par la proximité du Morvan. Pour le reste, une centrale thermique à vapeur installée à Garchizy en 1912 prétendait alors être le point de départ du « réseau nivernais ». Elle devait fermer vers 1950 suite à l’interconnection généralisée des réseaux. En 1922, Continental Edison développa son réseau par la construction de lignes à 60 000 volts en direction du Morvan,
Mais, suivant Guy Thuilier qui, en 1966, analysa l'économie nivernaise du 19ième siècle, le Nivernais venait déjà de rater sa "révolution électrique" (p. 205). La centrale de Garchizy, près de Fourchambault, avait été montée trop tard et l'acier "électrique" (au four à arc électrique) ne s'est développé qu'après 1923 à Imphy alors que d'autres régions à fort potentiel d'activités métallurgiques s'étaient déjà développées très rapidement grâce à l'électricité. L’électrification totale de la Nièvre, préalable à toute modernisation des campagnes, s’achèvera concrètement entre la fin des années cinquante et le début des années soixante, suivant les communes. Et encore ne s'agissait-il que des bourgs, l'habitat dispersé, hameaux, écarts, etc, ayant été traité au cas par cas. Ainsi des lieux-dits de communes comme Isenay et Montaron échappaient encore à toute électrification avant 1945 alors que Moulins-Engilbert, comme la plupart des petites villes limitrophes du Morvan, bénéficia dès 1906 de l’énergie électrique générée par des turbines installées sur les 18 chutes d’eau sélectionnées du Morvan (sur les 368 recensées). Moulins-Engilbert s'équipa même |
dès la fin du 19ième siècle de l'éclairage électrique public. Ces productions, provenant de petites usines électriques, étaient en général gérées par un homme, la commune elle-même ou une petite société qui se chargeait de distribuer l'énergie électrique au travers d'une concession de distribution. Le moulin de Commagny, qui, à compter de 1918, appartenait à Céléstin Bougrier, diversifiera sa production et produira ainsi dès 1919 de l'électricité. De même, une tentative d’installation d’une centrale hydro-électrique fut établie à la même époque à l’étang de Chèvres, sur la commune de Vandenesse, avec pose de poteaux en ciment pour apporter l’électricité en triphasé sur les 5 km séparant l’usine du bourg. Cette première phase est typique de régions très faiblement urbanisées mais dont les ressources hydrauliques et la technologie nouvelle des turbines permettent le développement de petites industries liées au bois et à la métallurgie. Malheureusement le manque de voies de communication et la faiblesse des infrastructures industrielles ne permirent pas un développement plus avant. Cet « espace Morvan » reprendra néanmoins une certaine importance en 1924, après les innondations parisiennes de 1910, avec l'aménagement de la Cure (barrage du Crescent, construit dès 1930, 14 millions de m3 sur 165 ha) et du Chalaux (barrage de Chaumeçon, contruit entre 1929 et 1933, retenue de 19,3 millions de m3) et, de 1938 à 1949, avec la construction du barrage de Pannecière, premier ouvrage à voûtes multiples construit en France aux fins de régulariser les eaux de l’Yonne et dont le raccordement au réseau 30.000 volts sera réalisée par EDF en 1950. Sa réserve d’eau turbinable peut atteindre jusqu'à 80 millions de mètres cubes sur 520 ha. Il est actuellement géré par l’Institution Interdépartementale des Barrages-Réservoirs du Bassin de la Seine (IIBRBS) dite « les Grands Lacs de Seine », créée en 1969 par quatre départements parisiens au lendemain de la disparition de la Seine-et-Oise. Ce barrage va faire l'objet d'une révision complète de ses structures du fait du vieillissement de l'ouvrage, de plus de soixante ans maintenant. Les travaux liés à cette révision nécessiteront une vidange complète et durable du bassin de rétention et, commencés en 2008, s'achèveront concrètement en 2010.
[C'est à bon escient que nous n'avons pas fait mention du lac des Settons qui, construit de 1854 et 1861, restauré en 1902, consolidé en 1964, a été destiné à réguler les eaux de l'Yonne en vue d'un meilleur acheminement du bois vers la ville de Paris. C'est également à bon escient que nous n'avons pas mentionné plus haut le barrage de Saint-Agnan, datant de 1969, qui est destiné, en dehors de son utilisation prioritaire par le Syndicat intercommunal d'adduction d'eau Terre Plaine Morvan, à être utilisé pour la pêche, la baignade et la voile depuis la création du Village Vacances de Saint-Agnan.] Ce retard en zone rurale, notamment en nivernais central, que l’on voit maintenant avec l’équipement ADSL dans ces mêmes zones, qui plus est actuellement en voie de désertification, provenait essentiellement de la très grande inégalité du prix de revient du kWh entre zones urbanisées et zones rurales, ce rapport pouvant aller de 1 à 10. Une péréquation s’avérant nécessaire entre communes urbaines et rurales, un Fond d’Amortissement des Charges d’Electricité a été créé en 1936, sans quoi l’électrification des zones rurales à faible densité de population n’aurait jamais pu débuter. En effet, il faut savoir, statistique du SIEEN à l’appui, que le prix de revient du kWh pour un même nombre d’habitants en zone rurale et en zone urbaine repose sur trois réalités : On comprend pourquoi des compagnies comme Continental Edison cherchèrent avant tout à équiper les zones les plus rentables. On comprend aussi pourquoi la création d'un tarif national de l'électricité a fait disparaître l'intérêt de la proximité entre les industries et les chutes d'eau en Morvan. |