La poste : son réseau, son histoire - Le District - Page 2/4 - <Page précédente>  - 1 - 2 - 3 - 4 - <Page suivante>
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En 1792, Moulins-Engilbert devient le lieu d’un district postal, soit deux ans après l’institution par le gouvernement révolutionnaire du département de la Nièvre et de l’Administration Générale des Postes aux Lettres et des Postes aux Chevaux avec suppression des privilèges accordés aux Maîtres de Poste, et un an avant la suppression « définitive » de la Ferme des Postes (celle-ci réapparaîtra brièvement sous le Directoire) avec une prise en charge directe par l'Etat et le remplacement des Maîtres Postaux par des directeurs de bureaux élus au suffrage universel. Moulins-Engilbert a sa propre Poste aux Lettres, qui est dirigée, entre autres directeurs, par Etienne Roule, lequel eut une attitude active pendant la Terreur et fut désarmé le 3 floréal An III suite à ses exactions. Les courriers arrivaient et étaient remis à leur destinataire dans le bâtiment qui allait devenir l'Hôtel de l'Horloge, construit vers 1790. Pour la Poste aux Chevaux, basée à la Corvée, un des Maîtres de Poste fut particulièrement connu puisqu'il fut maire de Moulins-Engilbert à partir de juillet 1845 : c'était Pierre François Marie Dubois (1787 - ?), qui était contrôleur aux contributions indirectes et détenteur, depuis 1837, du Brevet de Maître de Poste, alors délivré par le Secrétaire d'Etat aux Finances.

Des changements de nom de localités sur le canton vont perturber l'acheminement du courrier : les nouvelles appellations, passagères il est vrai, telles Moulins-la-République et Honoré-la-Montagne, ne sont pas reconnues par le dictionnaire des postes ! Et ce ne sont pas les réformes administratives de cette fin du 18ième siècle révolutionnaire qui vont changer le mode de distribution du courrier et, comme avant la Révolution, l’on viendra chercher son courrier en port dû... Pire : il est demandé aux gens de chercher leur courrier dans un bureau qui, dans les trois quarts des cantons, dont celui de Moulins-Engilbert, n’existe pas ! Jusqu'en 1830, le service rural n'est pas encore en place. Les relais de poste vont donc, vaille que vaille, être ouverts pratiquement jusqu'à l’arrivée du chemin de fer. A partir d’avril de cette même année, et en attendant la mise en correspondance des mille-trois-cents (1300) bureaux du territoire, le courrier va être distribué un jour sur deux et, autour de Moulins-Engilbert, dix (10) communes vont être alors desservies : Montigny-sur-Canne, Onlay, Préporché, Maux, Limanton, Isenay, Montaron, Saint-Honoré, Villapourçon et Vandenesse. Quant à la commune de Sermages, elle sera officiellement créée au dépend de la commune de Moulins-Engilbert en 1841 et rattachée au canton, et donc au district postal de Moulins-Engilbert, en 1842.
A l’exception d’Isenay qui en reste à l’ancienne périodicité en mobilisant un seul facteur (une journée pour Sauzay, une autre pour Isenay, les deux lieux-dits ayant formé jusqu'en 1796 deux communes séparées), la distribution du courrier, devenue quotidienne dès 1832, se généralise sur tout le territoire, à la ville comme à la campagne, et quatre facteurs irrigueront les communes du futur district de Moulins-Engilbert, six les communes qui allaient devenir autonomes : au total une dizaine de facteurs. Le réseau routier nouvellement aménagé ou en cours d’aménagement le permet maintenant dans la plupart des cas. Les facteurs, qui ont déjà un uniforme, sont payés suivant la longueur de leur tournée et se déplacent parfois à cheval pour les tournées les plus longues, tractant ou non une charrette. Dans la plupart des cas, ils se déplacent à pied. Cette disposition salariale à la distance parcourue est loin d’être révolutionnaire car elle existait déjà depuis Sully et Richelieu qui avaient aménagé des panneaux réglementaires « situés à 2,20 m de haut » (hauteur correspondant à celle du siège du cocher) sur le parcours des malles-postes en vue d’un repérage en durée et distance des destinations et base indispensable au calcul du salaire des postiers. En 1848, avec le parachèvement du réseau routier, ils deviendront de véritables « facteurs-boîtiers », en clair de véritables bureaux de poste ambulants très appréciés des écarts et communes sans relais ni bureau, surtout en plein Morvan. Le nombre de facteurs ne change pas, l'affectation par commune va en revanche légèrement changé : dix (10) facteurs, sous la direction d'une certaine Mme Noilly, se partagent le district, dont quatre (4) pour Moulins-Engilbert. Généralement, un facteur dessert deux communes, sauf Vandenesse et Limanton, qui sont gratifiées d'un seul facteur. C’est l’époque où les facteurs, souvent avec les maires, les prêtres, la marée-chaussée ou les gardes champêtres, se permettent de lire les courriers officiels à la population vu l’analphabétisme important des campagnes. En 1849, les premiers timbres circulent, neuf ans après les anglais. En 1855, le service des courriers-convoyeurs est créé. En 1863, soit treize ans après l'apparition du télégraphe électrique, un bureau de télégraphie est installé à Moulins-Engilbert, le septième du département. Mais il faudra attendre 1922 pour voir le téléphone se développer dans la région, notamment avec l'installation de cabines publiques installées dans les bureaux de poste, certains cafés et maisons communes.