La poste : son réseau, son histoire - L'épopée des facteurs - Page 3/4 - <Page précédente>  - 1 - 2 - 3 - 4 - <Page suivante>
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En 1873, le service des malles-postes - la Poste aux Chevaux - disparaît officiellement après quatre-cents ans de bons et loyaux services, les relais postaux à écuries publiques ayant fermé définitivement les uns après les autres : il sera remplacé par l'Union Générale des Postes qui va devenir, en 1878, l'Union Postale Universelle. Pourquoi, si ce n'est que le chemin de fer est arrivé, et en Nièvre à Nevers dès 1850, que les voies ferrées de Cercy et de Château-Chinon et leurs gares respectives associées à des centres postaux de tri et de distribution les ont remplacés en 1878 et 1889, complétée en 1907 par celle de Tamnay à Moulins-Engilbert. Le service des courriers-convoyeurs assurera la liaison entre les chemins de fer et les bureaux de district.

Le district de 1792 va être restructuré : la Commune de Montigny-sur-Canne va être rattachée au district postal de Châtillon-en-Bazois en 1897, Saint-Honoré, déjà bien lancé dans le thermalisme, aura son propre bureau en 1866, Villapourçon et Vandenesse, fort peuplés au demeurant, auront leurs bureaux en 1867. Et c’est à partir de 1893 que l’on commence à voir les facteurs sillonner nos campagnes en bicyclettes : celles-ci sont prêtées au facteur par l’Administration des Postes. A partir de 1902, vu le coût de l’engin, elle sont achetées par leurs utilisateurs préalablement indemnisés. Une remorque y est parfois attelée. En 1994, la bicyclette présente encore, au plan national, 40 % des tournées et, à l’heure d’aujourd’hui, les facteurs l’utilisent encore, la sacoche ayant remplacé la remorque, pour desservir les rues des principaux bourgs du canton, à partir de leurs centres de distribution respectifs, rappelant par là la structure qui prévalait au 18ième siècle : la Grande Poste, celle des chevaux et des campagnes, et la Petite Poste, celle des grandes villes principalement. Pour les campagnes souvent isolées, les bicyclettes ont été progressivement remplacées dès 1927 par un service postal automobile (qui faisait aussi office d’autocar) et, à partir des années cinquante, avec la prise en charge des transports collectifs par le département, par les fameuses 2CV utilitaires jaunes et bleues de Citroën. Entre la bicyclette et les 2CV, on a même vu, pour les trajets les plus difficiles, de petites charrettes postales, parfois des luges, tirées par des chiens...

La disparition des relais postaux liée à l’apparition du chemin de fer commandera la construction de nouveaux bâtiments plus adaptés à un trafic postal sans cesse croissant et à l’accueil du public, aux allures souvent de véritables palais dans les plus grandes villes. Un corps d’architectes des P.T.T. a pour cela été créé dès 1901. L’ancien bureau de poste actuel de Moulins-Engilbert, situé en face de l’église Saint-Jean-Baptiste, actuellement occupé par la Circonscription d’Action Sociale de Moulins-Engilbert, est ainsi construit en 1912 en lieu et place d’un ancien four banal, dans le style d’une belle maison bourgeoise, rendant ainsi honneur à la République tout comme le sont les constructions de mairies ou d’écoles de l’époque : il remplace le bureau provisoire qui avait été installé dans la gare de Moulins-Engilbert deux ans auparavant, en remplacement du relai-hôtel de l'Horloge  qui,  son  avenir  compro-
mis, va être affecté à une école de filles, et du relai de la Corvée. Ce bureau de poste va être occupé sans discontinuer jusqu’en 1974 avant de voir son personnel déménager dans son local actuel, construit dans un style plus simple et plus fonctionnel, comme un retour aux sources, en face de l’ancienne gare du tacot. Il semble que des problèmes d'accessibilité aux convois postaux et de stationnements des véhicules de distributions aient motivé ce déménagement. Mis à part cet événement, le réseau postal actuel n’a pas subi de transformation fondamentale : Villapourçon et Saint-Honoré gardent leurs propres bureaux, celui de Saint-Honoré étant maintenant de plein exercice suite à son installation dans l’avenue Eugène Collin, et celui de Vandenesse, qui correspondait à une commune de plus de 1300 habitants à la fin du 19ième siècle, est malheureusement devenu une annexe postale, au même rôle que l'agence d’Onlay, créée à l'entre-deux-guerres : l’exode rural est passé par là... La codification postale à deux chiffres apparaît en 1964, et la Nièvre reçoit le numéro 58 en lieu et place du nom du département. La codification à cinq chiffres, deux pour le département et trois pour le secteur de distribution, est instituée dès 1972. Dans l'état actuel, le secteur de Moulins-Engilbert irrigue sur le canton les communes de Maux, Sermages, Vandenesse et Isenay, et hors canton, la commune de Limanton ; le secteur de Saint-Honoré irrigue la commune de Préporché et, hors canton, celle de Sémelay ; le secteur de Villapourçon la commune d'Onlay et, hors canton, celles de Glux-en-Glenne et de Larochemillay. Quant à la commune de Montaron, elle a été rattachée au secteur de Cercy-la-Tour.

Dans son ensemble, le Morvan reste jusqu'à présent bien desservi par un réseau postal de proximité égal à celui rencontré dans le reste de la Nièvre, sinon même légèrement supérieur dans le Pays Nivernais-Morvan. En effet, les points de contacts non gérés par La Poste y sont actuellement plus nombreux qu’ailleurs et correspondent souvent à de toutes petites collectivités jadis complètement dépourvues de présence postale. Il faut savoir que le réseau de quatorze-mille (14.000) bureaux, qui s'est constitué au 19ième siècle à une période où la France était très majoritairement rurale, doit faire face à une réorganisation géo-démographique du pays avec l'exode rural et l'urbanisation accélérée des populations, surtout après la guerre, avec la fermeture de 152 bureaux sur ces cinquante dernières années. Pour ce faire, le réseau s'est hiérarchisé avec les bureaux de plein exercice, assurant toutes les opérations, les bureaux de proximité qui en assurent déjà moins, et les simples agences postales où ne sont assurées que les principales opérations. Si la bicyclette est encore observée dans les centres-bourgs du canton, concurrencées par les motocyclettes à Saint-Honoré dont l'urbanisation est plus vaste, ce sont maintenant les fameuses Clio jaunes au logo de La Poste - apparu en 1962 - de chez Renault qui sillonnent nos campagnes en lieu et place des légendaires R4 fourgonnettes du même constructeur des années quatre-vingt et, bien-sûr, des non pas moins légendaires 2CV fourgonnettes Citroën des années soixante. Entre temps, les Postes, Télégraphe et Téléphone (les P.T.T.) ont été déchargées de l’Administration des Télécommunications avec la création, en 1991, de France Télécom, pour devenir une administration autonome de droit public, du nom de « La Poste ».