De la guerre de Cent Ans au règne de Louis XIV - Page 6/21 - <Page précédente> <Page suivante>
Voir une carte de Bourgogne datant d'Henri IV (collection "notrefamille.com") |
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Une période de grande stagnation et d’instabilité commence avec les Guerres de Cent-Ans entre 1337 et 1453, les nombreux pillages des anglais qui s'en suivirent suite aux défaites de Crécy en 1346 et de Poitiers en 1356, et les guerres de religions un siècle plus tard en passant par la défaite de Pavie en 1525 et les saccages qui s'en suivirent par des hordes d'italiens, notamment à Decize et Moulins-Engilbert. Les seigneurs, qui s'étaient calmés après la trêve de 1035, se rivalisent les uns les autres, un certain nombre prête allégeance au comte de Nevers. Moulins-Engilbert s’emmuraille dès 1386 avec trois ponts levis - les premiers ponts levis apparaissant vers 1250. Les forêts gagnent du terrains, les cultures régressent, la population décroît. L'instabilité s'installe : entre 1407 et 1419, et particulièrement entre 1410 et 1412, Château-Chinon n'arrête pas de passer des armagnacs aux burgondes et des burgondes aux français et inversement. Il faudra attendre les batailles de Sermages et de Moulins-Engilbert entre 1474 et 1475 entre les armées de Louis XI et celles de Charles de Téméraire pour que la situation se débloque un peu avec, au final, l’annexion du Duché de Bourgogne au Royaume de France deux ans plus tard. Louis XI se permet même de coucher au château de Moulins-Engilbert après la prise de la ville par ses troupes, en 1475. Après la mort de Charles le Téméraire deux ans plus tard et le traité d'Arras de 1482 confirmant la disparition des Etats de Bourgogne au profit du Royaume de France, des seigneurs s’établissent à nouveau çà et là, venus du Nord et du Nord-Est, avec leurs vassaux et hordes de serfs qui, en petites communautés, recommencent à défricher. La plupart des hameaux et lieux-dits (notamment ceux dont les noms commencent par "l'Huis" ou "Les" suivi d'un nom de famille) viennent de cette période, en dehors des bourgs déjà bien formés, et de nouveaux chemins se créent entre eux et les bourgs plus anciens. Des relais de postes sont réétablis pour les « chevaucheurs du Roi » avec possibilités d’hébergement et prêts de chevaux pour les voyageurs. Les « grands Chemins » sont remis en état, permettant les relations entre grandes villes avec une revalorisation, toute relative au reste, du réseau rural secondaire par les divers monastères et prieurés établis dans la région, dont les domaines sont immenses. A Nevers, des ponts en bois sur la Loire sont construits dès la fin du 13ième siècle mais vont subir les assauts du fleuve, crues et glaces, ces dernières en 1389 et, en 1485, le pont de l’Official est construit, cette fois en pierre : à Nevers, il y en aura trois de ce type prenant assise sur des ilôts, mal entretenus et détruits à différentes reprises ; dès 1477 à Decize avec le pont de Crotte, qui va être détruit à plusieurs reprises, et dès 1520 à la Charité - le pont de 1520 sur le bras principal - actuellement dit Pont de Pierre - subsistant toujours puisque le pont de pierre sur le bras secondaire, construit en 1669, a été remplacé par un pont suspendu en 1868. Cela dit, les constructions de ponts sur la Loire seront généralement fort parcimonieuses jusqu'à la fin du 18ième siècle. Et au 15ième siècle, la Loire est, comme le notera plus tard Louis XIV, la voie de communication et d'échange la plus importante du Royaume de France, situation qui perdurera jusqu'à l'avènement du chemin de fer.
Les guerres de religion sont aussi passées par là et les huguenots s’acharnent à détruire ou incendier bon nombre d’églises et de bourgades, évidemment catholiques, dont celles de Moulins-Engilbert et de Préporché en 1570, ainsi que le prieuré de Commagny et l'abbaye des prémontrés à Belleveau, cette dernière |
sur la commune de Limanton. Suite à cet épisode, l’influence politico-religieuse de Commagny sur la région se dégrade progressivement jusqu'à disparaître à la fin du 16ième siècle, et le réseau s’en ressent largement. L’absence de conflits militaires majeurs dans la région après la bataille de Sermages, l’indigence des échanges économiques et l’insécurité liée aux huguenots et au banditisme des grands chemins ne contribuent guère à l’entretien, et encore moins, à l’amélioration du réseau local existant. Pratiquement, il en sera ainsi jusqu'au règne de Louis XIV : l’état des voies secondaires restera médiocre dans la région bien que servant déjà à l'acheminement du bétail destiné aux foires de Moulins-Engilbert, de Châtillon et de Château-Chinon. Ainsi en est-il des axes Châtillon - Moulins-Engilbert, qui passe par Nantilly et l’abbaye de Belleveau (orthographié actuellement Belvaux), sur Limanton, et Château-Chinon - Moulins-Engilbert Cercy-Decize, axe déjà décrit et que le terrier de Commagny de 1451 a décrit sous le nom de "voie Burnichède". La corvée est instituée au 16ième siècle, qui oblige les riverains non nobles d'une route à l'entretenir un certain nombre de jours par an. Vers 1550, on peut estimer à 25.000 km la longueur totale des routes en France, mais la technique routière reste rudimentaire jusqu'à la fin du 18ième siècle ; en effet, la chaussée, qui est pavée ou empierrée, a de grands accotements latéraux qui élargissent la voie : ils supportent la circulation lorsque le temps le permet ! Sous Louis XIV et grâce à Colbert, le réseau routier connaît sa première grande transformation ; la création d'une administration autonome – qui devait devenir les Ponts et Chaussées – va à cet égard être décisive. L'itinéraire Moulins-Château-Chinon est modifié jusqu'à Sermages, longeant le Guignon en concurrence avec l'antique voie gallo-romaine de Villacot : la construction du monastère des Ursulines à Moulins-Engilbert en 1635 exige un accès direct avec Château-Chinon. Mais Colbert qui, plus tard, veut développer le commerce, orientera finalement surtout sa politique de remise en état du réseau dans les régions nouvellement conquises et là où, après la révocation de l’Edit de Nantes en 1685, la question protestante vaut bien un nouvel aménagement routier spécifiquement conçu à des fins militaires. Colbert visite bien le Nivernais en 1659, mais c'est plus pour s'intéresser aux forges d'Imphy et de Cosne-sur-Loire où l'on fabrique les ancres destinées aux bateaux de la marine de guerre... D’autre part, le massif du Morvan reste très isolé et, face à un réseau rural défaillant ou peu sûr, les populations se sont repliées sur elles-mêmes autour des maisons fortes ou en communautés, taisibles ou non, avec le développement d’une économie rurale et agricole vivrière faites essentiellement de domaines seigneuriaux (voir les Alixand, les de Meun, les Le Tort, les Cottignon, les Alloury, Villescot, de Ganay et autres Sallonnyer...) ou religieux plus ou moins grands (Commagny en particulier et plus tard les Picpus de Moulins-Engilbert et des Morillons, le couvent des Ursulines apparaissant dans le courant du 17ième siècle) et dont les échanges ne vont pas au-delà des villes bordières du Morvan (pour la partie occidentale : Moulins-Engilbert, Châtillon et Corbigny en particulier, cette dernière apparaissant au 12ième siècle avec l'établissement d'une seigneurie. Clamecy apparaît comme ville dans le courant du 16ième siècle, dont le développement apparaît certain avec le commerce à bûches perdues sur l'Yonne. |