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St-Honoré - Vue aérienne.
Voici, sur le canton de Moulins-Engilbert, une commune assez différente des autres : tout en restant rurale de par son caractère de gros village, Saint-Honoré-les-Bains, dont l'emplacement est dû à la croisée de plusieurs voies romaines, doit son développement actuel aux richesses accumulées par les activités thermales et autres activités associées normalement au thermalisme : station thermale avant tout, village de cure, c'est tout un paysage urbain qui se ressent des investissements tapageurs du 19ième siècle : parcs, grands hôtels, palais, casinos, sans parler d'une foultitude de pavillons ou d'hotels particuliers au style baroque, à vrai dire assez peu morvandeau d'architecture.

Situé à environ 300 m sur le flanc occidental du Morvan méridional, au-dessus des plaines de la Nièvre, cette "perle du Morvan" comme certains aiment à le dire, bénéficie d'une pureté d'air reconnue par l'Organisation Mondiale de la Santé. Bien-sûr, cette qualité d'air vient en complément des eaux de cures, le tout dans la verdure des prés et des bois, et dans la douceur du Morvan. Autant d'atouts pour des citadins souvent stressés en mal de repos et de désintoxication.

A ce titre, on peut dire que Saint-Honoré-les-Bains, commune charnière du Haut Morvan et du Sud Morvan, ne jouit pas seulement d'un "tourisme de passage", comme il est d'ordinaire en Bourgogne, mais d'un tourisme de loisirs et de vacances, et tous les équipements, de l'hébergement aux établissements thermaux, de sport et de loisirs, sont depuis fort longtemps prévus pour cela, à l'origine conçus pour une clientèle fortunée : casino, théâtre, courts de tennis, centre et parcours équestres à la ferme des Loges, sur Vandenesse, golf, piscine, kiosque à musique, salles de réunion et salle polyvalente (Salle Sydney Becket, salle du Laboureur). Ainsi la commune, actuellement de 850 habitants environ en saison creuse, peut quadrupler sa population pendant les mois d'été.

Première station thermale de la Région de Bourgogne, désormais la seule de la Nièvre après la "chute" de Pougues-les-Eaux en 1975 et le projet avorté "Olympic 7" de 1985, Saint-Honoré-les-Bains reste avant tout un gros village très bien équipé en hôtels (dont l'hôtel Hardy, de 1875, constitue assurément l'élément les plus ancien encore en activité), commerces, artisanat, services et professions libérales qui n'a rien perdu de sa fonction agricole et n'a rien à envier à son chef-lieu de canton, Moulins-Engilbert. La partie haute, celle ou se trouve, rue du Chemin Ferré, le service incendie, le champ de foire et le terrain de sport, reste la plus villageoise avec un paysage urbain mêlé de maisons de village et de pavillons.

Assez rapidement, sur les routes de Préporché, de la Vieille Montagne (556 m) ou du Mont Genièvre (637 m), on accède à la campagne boisée du Morvan traversée de multiples cours d'eau dont les plus importants sont le Saint-Michel et le Saint-Honoré ; campagne ponctuée de plans d'eau, de moulins, aux fermettes dispersées, et aussi aux plus grosses fermes formant à elles seules des lieux-dits. Au Sud, vers Sémelay et Rémilly, des plans d'eau, comme l'étang du Seu, qui, avec son moulin de 1427 et actif jusqu'en 1950, donne naissance au St Michel, et à l'Est, vers le Mont Genièvre, l'étang de la Queuldre dont le moulin de la famille Perraudin, construit en 1763, tourna jusqu'en 1933, sont des sites actuellement protégés, tout comme le sont les bois du Défend. Pour qui veut se rendre sur la Vieille Montagne, par la route ou des chemins de traverse, un magnifique paysage s'ouvrira sur les plaines du Nivernais et les Montagnes du Morvan ; cette montagne, couronnée d'un bouquet d'arbres, abrite les vestiges des murs d'enceinte d'un ancien castrum gallo-romain, sur lequel on édifia au Moyen-Âge un château fort qui fut détruit en 1533. Ce château était l'ancêtre de l'actuel château de la Montagne, qui fut remanié depuis bien des fois. Dans un environnement naturel et architectural relativement bien préservé et fleuri, avec ses 1.105 ha de bois sur 2.512 ha communaux, Saint-Honoré est, avec Moulins-Engilbert, une des neuf "stations vertes" recensées du département de la Nièvre. Une valorisation de la ville a eu lieu en 2004 avec l’aménagement d’un parc champêtre et de loisirs comprenant deux plans d’eau. Saint-Honoré est, avec Moulins-Engilbert, une ville-porte du Parc Naturel Régional du Morvan.

Le centre village, très coquet, très bien aménagé et entretenu, libéré de ses poteaux électriques, est principalement parcouru par la route de Luzy à Moulins-Engilbert - feu la rue de Luzy, feu la rue de Moulins, l'actuelle rue du Général d'Espeuilles - et par celle de Vandenesse. Il correspond à l'ancien village éduen d'Arbandal romanisé en Aquae Nisincii en 50 avant JC, lieu de convergence de deux voies gallo-romaines et d'une voie romaine proprement dite. Cette convergence de voies anciennes a été à l'origine du développement de foires dès le Moyen-Âge et il y en avait trois au dix-neuvième siècle, la dernière, celle du 15 février, ayant été développée par la famille d'Espeuilles. L'actuel champs de foire se situe encore à proximité du lieu de convergence de ces trois voies.

L'église Saint-Loup, datant du 12ième siècle, a été incendiée par les huguenots en 1570 et reconstruite en 1610 et, après sa seconde destruction, entièrement reconstruite au 19ième siècle (en 1875), à la même place, par les architectes Andoche Parthiot et Bobin, de Château-Chinon, près de laquelle subsiste l'ancien prieuré bénédictin créé en 1010 par Hugue de Châtillon sous le patronage de Saint Honoré. La partie basse, celle donnant sur Vandenesse, est celle qui, avec l'avenue Jean-Jaurès et les allées de la Chapelle et des Acacias, fait toute la différence avec le Parc Thermal, accédé par l'avenue Jean-Mermoz, remanié et aggrandi plusieurs fois jusqu'en 1950, avec la création par l'artiste Christian Gerber des bancs, vasques et escaliers du parc, des baignoires et des mosaïques dans les thermes, avec des constructions monumentales comme l'Etablissement Thermal du Second Empire, construit suivant les plans et devis d'Andoche Parthiot, affilié de nos jours à la chaîne thermale du Soleil à Paris, opérationnel depuis 1855, flanqué de son bel hôtel thermal des années trente, actuellement racheté par la chaîne Bristol ; le Casino (construit en 1875 et opérationnel dès 1888, entièrement rénové depuis après quelques années de fermeture), le Grand Hôtel du Morvan et son Parc, la Chapelle, le Morvan Palace, l'Hôtel du Parc, le Pavillon des Fleurs, la villa des Myosotis (datant de 1904), la Buvette et ses sources d'eaux arsenicales sulfurées, etc... Toute cette richesse tapageuse semble s'essouffler et l'incendie, déjà ancien, de l'Hôtel du Parc, jamais reconstruit, laisse une marque peu glorieuse dans cet ensemble fastueux au charme quelque peu désuet (datant pour l'essentiel de 1900 avec la construction, de 1898 à 1905, par Honoré Pons, du dôme qui abrite l'entrée monumentale de l'etablissement thermal).

C'est que les eaux de cure étaient connues depuis fort longtemps sans avoir eu l'intérêt qu'on leur porta subitement au 19ième siècle. Les Romains avaient déjà aménagé les sources d'aquae nisincii pour leurs propres légions établies non loin de là, en la ville de Bibracte, dans leur combats contre les Eduens. Elles étaient - et elles sont toujours - au nombre de cinq : la Crevasse, l'Acacia ou la Garenne, les Romains, la Marquise et la Grotte, libérant 800 m3 environ d'eau chaude par jour (entre 30°C et 25°C suivant les sources). Ils les exploitèrent jusqu'en 353 lorsque l'arrivée des Vandales mis fin à leur prospérité. Les Sarrasins achevèrent leur destruction en 731 et, pour éviter les superstitions, un plan d'eau les recouvra définitivement... jusqu'en 1773, année d'un violent orage qui provoqua le comblement de l'étang et la destruction des digues ; un moulin - le moulin de Saint-Honoré - y fut même construit en 1770. Des bains romains, des puits et des canalisations de chauffage ont depuis été exhumés entre 1820, à l'initiative du Marquis d'Espeuilles, et 1851. Ces fouilles sont "remarquables par une salle de bains toute revêtue de marbre, au milieu de laquelle trois réservoirs donnent une eau abondante, et par les nombreuses et brillantes habitations dont les Romains avaient orné cette petite ville". Ultérieurement, d'autres fouilles furent entreprises de 1886 à 1887 qui mirent à jour des vestiges gaulois (poteries, monnaies éduennes...).

En effet, en 1809, le sieur Lacroute, cultivateur, vend les sources qu'il avait acquises à la Révolution de Jean-Marie Salonnyer de Montbaron, qui en était propriétaire depuis le 1er juillet 1770, pour 10 000 francs à M. Bacon-Tacon, médecin qui avait été attaché au service de Catherine II de Russie. Il se ruina à vouloir les mettre en valeur, sur la foi des analyses du Dr Regnault, médecin à Lormes, à la fin du 18ième siècle (1789). En 1837, elles sont rachetées par le sénateur marquis Théodore d'Espeuilles, qui, sur les conseils du docteur Henry Ossian, Membre de l'Académie de Médecine, engage les travaux de construction de la station thermale, achevée en 1854. Six ans après, grâce aux travaux du Dr Eugène Collin qui dirigea l'établissement jusqu'à sa mort, en 1902, les sources étaient reconnues d'utilité publique. Mais il ne fut pas le seul, les docteurs Gustave-Camille Allard, Maurice Binet, Ernest Collin, René Mottelé, Charles Breuillard, Raoul Comte, Philippe Bernard, Odin, Douchefort... sont des noms qui, par de multiples travaux de recherche, dont une thèse, ont également fait la renommée du thermalisme de Saint-Honoré. Et le docteur Philippe Bernard envisagea même d'y développer une gynécothérapie. "C'est un prélude au siècle de gloire de Saint-Honoré-les-Bains : 1860-1960, une époque dont la cité serait le musée. Car rien n'a vraiment changé ici. Les villes de cure étaient des îles" (Marc Lambron, Le Point, Avril-Mai 2004). La clientèle fortunée d'avant guerre ayant disparu, le thermalisme de Saint Honoré-les-Bains connaît malheureusement de nos jours sa période de régression et n'a pas su résister ni s'adapter au changement des comportements socio-économiques et à la nouvelle donne thermale des centres balnéaires et de thalassothérapie du sud de la France.

Les sources thermales, liées de nos jours à des moyens techniques sophistiqués, servent en effet à traiter les affections ORL et respiratoires (voir les fameuses salles de pulvérisation et d'inhalation), les affections rhumatismales (depuis 1994) et les séquelles des traumatismes ostéo-articulaires. Les eaux sont arsenicales et sulfurées, chlorobicarbonatées sodiques et calciques avec une quantité notable de silice. Il semble que leur qualité soit unique en France.

Les enfants ne sont pas en reste puisque des Maisons d'Enfants à caractère sanitaire ont été développées tout près du parc thermal, à l'extérieur du village : elles reçoivent et hébergent des enfants en cure de trois à dix-huit ans avec suivi médical, soins thermaux et animations. Elles étaient au nombre de trois : l'Air des Pins, les Myosotis et Régina, cette dernière ayant récemment cédé la place à un nouveau Centre de Formation des Apprentis au statut de Maison Familiale Rurale.

Mais Saint-Honoré n'a pas été qu'une station thermale, ni une commune rurale. La "Poterie de la Montagne", construite en 1847 par la famille d'Espeuilles sur le domaine du Château de la Montagne, fonctionna jusqu'en 1926. Le bâtiment, qui sert actuellement de musée de la céramique, a été classé Monument Historique Industriel en 1997. Une grande famille, en effet, la famille Viel de Lunas d'Espeuille, originaire du Languedoc-Roussillon, en est toujours propriétaire, tout comme elle l'est depuis 1787 du château des 18ième et 19ième siècles, dit de la Montagne, dont certaines pièces et la chapelle sont ouvertes au public depuis 1990 pendant la saison thermale. Le château actuel est la transformation par Jean-Baptiste Caristie, au 18ième siècle, de l'ancien château fort avec douves, pont levis et meurtrières, qui datait de la fin du 16ième siècle, lui-même construit sur un ancien oppidum gallo-romain. La restauration fut entreprise en 1776, trois ans après une tempête qui endommagea fortement l'ancienne construction. Depuis, des pièces ont été réhabilitées entre 1839 et 1840 par Félix Duban, le même architecte qui réhabilita le château de Blois. En plus du château et de la poterie, le domaine comprend les Communes, les bâtiments de la Régie, un chenil, un pigeonnier, les écuries, la ferme, la maison du cocher, les mousseaux, la maison du jardin, le parc à fruitiers et l'orangerie.

Saint-Honoré a également son Musée de la Résistance. Il ne faut pas oublier que bien des Maquis se sont développés entre 1942 et 1945 dans les parties les plus reculées du Morvan, le musée rapportant celui créé en 1944 par le capitaine Paul Sarrette, le maquis des Fraichots, au pied du Mont Beuvray, et soutenu par Georges Perraudin, dont l'Hôtel du Guet servit, entre autres usages, de PC à la Résistance Nivernaise. Les allemands avait en effet occupé les Hôtels du Parc et du Morvan transformés en hôpitaux, et, entre autres exactions de répression, organisaient des raffles contre les familles israélites venues se réfugier dans la commune.

Sur le plan des manifestations culturelles et économiques, retenons en particulier le salon des antiquaires du mois de juillet et la fête des Fleurs qui a lieu tous les ans le premier dimanche après le 15 août, dans la droite ligne des jardineries locales, ainsi qu'une exposition nationale d'élevage canin qui eut lieu en septembre 2001 en la salle polyvalente de la commune, avec concours. L'espace Diogène reçoit toute forme d'expositions, notamment de peinture. Les jeux de sociétés se tiennent tous les après-midis en la salle du Laboureur. D'autres expositions ont lieu en Mairie et à l'hôtel Bristol. Bref, les animations culturelles ne manquent pas, que l'on peut consulter sur le site de la mairie de Saint Honoré. Enfin, notons que Saint-Honoré-les-Bains est jumelée avec sa paire de Rhénanie-Palatinat, en Allemagne, Waldbreitbach, petite ville de cure située dans la charmante vallée boisée de la Wied.

Le nom de Saint-Honoré est celui d'un théologal de l'église d'Autun qui vécut au 12ème siècle. C'est devenu aussi celui du prieuré qui fut donné au 19ième siècle à l'abbaye bénédictine de la Charité-sur-Loire. D'autre part, la présence du château de la Montagne et des grandes familles qui s'y sont succédées, ne peuvent se détacher de l'histoire de la ville. C'est pourquoi les révolutionnaires de 1789 reprirent partiellement l'appellation de Saint-Honoré-la-Montagne qui était déjà d'usage depuis 1778, c'est-à-dire en en prélevant le "Saint", d'où l'appellation d'Honoré-la-Montagne, même si l'extension "la Montagne" devait disparaître peu après avec le rétablissement du "Saint". Quant à la commune, elle va être rattachée au canton de Moulins-Engilbert en 1793 suite à la suppression du canton de Larochemillay, cette organisation ayant été confirmée en 1800 (an VIII). L'appellation actuelle de St-Honoré-les-Bains, qui entérine l'appellation de fait apparue vers 1840 avec le développement des thermes, date administrativement du 31 décembre 1974.

Saint-Honoré est l'une des rares communes du canton dont la population résidente n'a pas baissé au cours des dix dernières années. Avec Onlay et Isenay, elle ne fait pas partie de la Communauté de Communes "Sud-Morvan" créée le 13 décembre 2005 et qui rassemble les sept autres communes du canton. Ici, la question du partage des richesses locales n'est pas l'appanage d'une commune relativement prospère. Il semble que la présence sur la commune du casino du groupe Partouche, récemment réouvert par la municipalité, en soit la cause principale.

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