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Vue panoramique de Vandenesse (Nièvre)
Cliché Xavier Landais
Vandenesse - la " rivière aux eaux claires " - est, à l'instar de Saint Honoré-les-Bains, un village franchement constitué comme il y en a peu dans le canton de Moulins-Engilbert, où les communes rurales portent très souvent le nom d'une paroisse qui n'est pas forcément l'agglomération la plus importante. Car, contrairement aux autres communes villageoises, la commune de Vandenesse, à l'extrémité Sud du Bazois, ne traduit pas une constellation de fermes ou hameaux isolés dans le bocage, mais bien une commune relativement peu peuplée actuellement, dont le bourg totalise à lui seul les trois quarts de la population. La différence est là, patente, avec les communes morvandelles voisines.

Situé à la croisée des chemins de Saint-Honoré aux Malcives et de Cercy-la-Tour à Moulins-Engilbert, chemins au demeurant très anciens, Vandenesse a longtemps été un lieu stratégique ayant entraîné l'établissement d'une importante seigneurie. Les rues de la République et de Moulins forment les principales artères du bourg.

En effet, de grands massifs forestiers, à l'Est et au Nord, traduisent des régions non seulement dépeuplées, mais encore impropres à toute autres formes de culture :

humidité, mauvais écoulement, platitude relative et terrains argilo-calcaires situés entre Aron et Dragne, et entre Dragne et Donjon.

A l'Est, le Bois de Morillon et les Grands Bois, dans le prolongement de ceux de Préporché, forment une véritable barrière forestière entre Vandenesse et Saint Honoré, parsemées d'étangs, dont le plus important est l'étang de Chèvres, au Sud de la Chevannière, plan d'eau en retenue sur le Donjon avant de rejoindre à Chevannes le " Ru " du même nom. Cet étang a été, à l'entre-deux-guerres, la station biologique privée de Monsieur Huard, qui en était directeur.

Au Nord, les Bois d'Arcilly, nom d'un lieu-dit sur la commune de Limanton, entre Guignon et Dragne, ne sont que le prolongement des Bois de Mary et de Vilaine, sur la Commune de Moulins-Engilbert.

Toutes ces forêts, dont certaines sont actuellement communales, appartenaient aux seigneurs successifs de Vandenesse, dont le château figure actuellement en bonne place au milieu des prés, au Sud du village, et ceux de Moulins-Engilbert.

Quant à l'Ouest de la commune dont la frontière communale hésite entre le cours sinueux de l'Aron et la rectilignité du Canal du Nivernais, construit entre 1784 et 1843, il est également très dépeuplé, bocage à semi-bocage à large maille profondément remembré, dont les parcelles immenses, prés ou cultures sur terrain argilo-limoneux où alluviaux, s'orientent toutes vers l'Aron, seulement interrompues par le sillage de la voie ferrée Corbigny - Cercy-la-Tour. C'est assurément la partie la plus fertile et la plus cultivée de la commune.

Peu de fermes, mais de grosses fermes dans de grands domaines dont on se rend compte qu'ils appartiennent encore presque tous au Comte François de la Roche Aymon, réminiscence contemporaine à peine modifiée de la dernière des seigneuries de Vandenesse, celle des Taleyrand-Périgord : le domaine du Vignot, réservé à la Pêche et à la Chasse, le Groupement Forestier de Vandenesse gérant les forêts déjà décrites, le Domaine de Nourry - reprise de la Seigneurie des Nourry - le domaine de Givry, le domaine d'Arcilly, le domaine de Couze... sans parler de Poligny, Vérou, Laguette et Montigny hors commune. Toutes ces propriétés, soumises à bail ou non, sont, sur Moulins-Engilbert, Vandenesse, Montaron et Limanton, soumise à une surveillance particulière depuis le 27 décembre 2004, ce à la demande du comte, la garde particulière ayant été agréée à cette date par la sous-préfecture de Château-Chinon.

Ceci explique pourquoi Vandenesse n'a pas été qu'un village agricole : une verrerie royale existait au 18ième siècle - concrètement depuis 1723 - (qui utilisait le feldspath extrait d’une carrière aux Mouillas près du hameau de la Queudre, à trois kilomètres à l’est de Saint-Honoré, dans le massif granitique du Morvan), ainsi que des carrières, des mines, des forges et une tuilerie qui, vers l'étang de Chèvres, opéra jusqu'au début du 20ième siècle. L'argile toute proche en avait favorisé la création. Deux fourneaux opéraient au 19ième siècle : celui du pont de la Dragne, mentionné sur la carte de Cassini, et un autre fondé en 1805 par le duc de Talleyrand-Périgard, Hélie-Augustin, de concert avec la Société Commentry-Châtillon, sur la digue de l'étang de Chèvre, qui ferma en 1854. Ces forges, notamment celles de l'usine métallurgique de Chèvres, utilisaient le minerai de fer en provenance pour l'essentiel des carrières d’oolithes ferrugineuses du Vernay à Semelay, mais aussi d'Isenay et de Pouligny ; ce minerai, compact, à cassure luisante, à géodes tapissées de cristaux de quartz hialins, donnait de bons résultats en fonderie. Quant aux forges de Chèvres, elles produisirent, en 1809, deux-cents (200) tonnes de fonte et employaient cinq (5) ouvriers ; elle furent notamment exploitées pour la fabrication de boulets d'artillerie, de 1830 à 1846.

Vandenesse n'a pas l'exclusivité de son nom puisqu'on le retrouve en Côte'd'Or sous la même orthographe et en Saône-et-Loire sous la forme Vendenesse. En revanche, ce toponyme n'est décelé qu'en Bourgogne et semble endémique de la région : l'origine commune en serait un vocable gaulois : Vindo, qui traduirait la clareté (ici vraisemblablement des eaux de la Dragne). C'est aussi le nom d'un personnage d'Honoré de Balzac (1799 - 1850) , Felix de Vandenesse, dans un de ses romans, "Le lys dans la vallée", publié en 1836. Cela n'est pas dû au hasard car le marquis de Poyanne, tourangeau comme l'écrivain, ancien détenteur du marquisat de Vandenesse, avait deux filles et l'une d'entre elles, la cadette, Marie-Charlotte-Rosalie de Baylens (1760-1828), épousa en 1778 Charles Elie de Talleyrand-Périgord (1754-1829), prince de Chalais, et lui apporta le-dit marquisat. Pour ce qui est de la commune nivernaise actuelle, la paroisse, fondée par Hugues le Grand de Champallement, évêque de Nevers, apparaît en 1032 sous le nom de Vandeneça. Vandenesse, ancienne terre seigneuriale (elle appartenait vers 1490 à deux frères, le seigneur de la Palisse et Jean de Vandenesse-Chabannes), baronie érigée en marquisat en 1663, sous Louis XIV, celle des Seigneuries des Nourry, des Beaufort-Canillac, des Chabannes-la-Palice, des Olivier, des du Bois de Fiennes et, à partir de 1778, des Talleyrand-Périgord, connut une prospérité inégalée dans la région : en 1870, la commune comptait 1303 habitants. Avec la disparition progressive des petites industries traditionnelles au début du 20ième siècle, les crises économiques successives de l'entre-deux-guerres, le développement industriel de Cercy-la-Tour et de Decize, d'Imphy et de Fourchambault, la population rurale non agricole alla travailler dans ces villes. Quelques 900 habitants y étaient encore dénombrés après guerre. Vandenesse est redevenu un village agricole fait de grands domaines où l'industrialisation actuelle des méthodes agricoles achevera la dépopulation des campagnes : 344 habitants à la veille de l'an 2000. Mais ceci explique encore pourquoi la commune connaît le plus fort taux d'ouvriers du canton : environ 42 % de la population communale, dont une bonne partie travaillent encore sur les terres de M. le Comte François de la Roche Aymon, héritier indirect en 1909, par le jeux des alliances, de la famille Talleyrand via le comte de Mérode : d'originine limousine, le nom vient de la roche et de la terre du même nom, sur la paroisse d'Evaux (actuellement dans la Creuse) où a été bâtie une forteresse qui a été abandonnée en 1195, la famille s'étant installée à Mainsat. De cette famille, on retiendra surtout un certain Charles-Antoine de la Roche-Aymon, né dans ce dernier village en 1696, qui mourut à Paris en 1777. Evêque de Limoges puis de Toulouse, archevêque de Reims en 1762, grand aumônier du royaume, il fut nommé cardinal en 1771. C'est donc à lui que revint l'honneur de sacrer le roi Louis XVI le 11 juin 1775.

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