![]() La Place Lafayette |
Moulins-Engilbert,
un temps appelé Moulins-la-République (de 1793 à 1795) avec le rattachement de Commagny en l'An II (1794) sur la commune et la cession en 1841 de Sermages acquise en l'An III (1795), chef-lieu de
canton à partir de 1800 après avoir été chef-lieu d'arrondissement (les districts avaient été supprimés par la Constitution de l'An VIII), est une petite ville chargée
d'histoire. Ancienne châtellenie, siège d'un Tribunal Civil jusqu'en 1810, son nom, qui apparaît sous la forme de Molinis en 1245, vient des nombreux moulins installés
sur le Garat et le Guignon, actuellement tous transformés, disparus ou
inopérants, avec l'industrialisation des meuneries et huileries, et la
lente conquête des pâturages et des forêts sur les
cultures : au 19ième siècle, on en comptait sept opérant. Quant au nom d'Engilbert, jadis souvent orthographié Angilbert, il est vu en 1277 du bas latin Enjubertorum orthographié Enjeuberti en 1282. C'était le nom des seigneurs qui prirent possession du site au temps de Pépin-le-Bref et de Charlemagne. Le centre ville est ancien, avec des bâtiments
datant des 14ième, 15ième et 16ième
siècles. Les inondations
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n'étaient pas rares, notons celles de 1836 et de 1865, suite à des fontes de neige importantes, et celle de 1846 suite à un violent épisode pluvio-orageux d'automne (un réseau de levées et la retenue de l'Escame ont depuis été construits).
Moulins-Engilbert a longtemps été considéré par les géographes comme la capitale culturelle et économique du Bazois, la région déprimée bordant l'Ouest du Morvan. Cette conception dura pratiquement jusque vers 1880. Son blason se décrit ainsi : «De gueules, à la croix ancrée d'or». Le plan de la ville historique, aux ruelles souvent étroites, se ressent de cette histoire, et s'articule essentiellement autour du château des seigneurs d'Engilbert, actuellement classé aux Monuments Historiques (17 juin 1993), vendu aux comtes de Nevers vers 1215, incendié et détruit en 1525 par des hordes d'Italiens suite à la défaite de Pavie, jamais reconstruit depuis (*), et des anciens remparts, auquel se rattachait l'église, qui a également brûlé seize ans plus tôt avec toute la ville, en 1509, et reconstruite à partir du 16ième siècle sur une ancienne salle du château ; cette reconstruction s'achèvera à la fin du 19ième siècle, si l'on ne compte pas, après sa dévastation de 1793, la restauration de 1905 ! Et, comme cela ne suffisait pas, les abords de la ville furent réincendiés en 1570 par les troupes de Coligny dans sa guerre contre les catholiques, la Paix de Saint Germain ayant été signée le 8 août de la même année... - nous étions en pleine guerre des religions. La paroisse de Moulins-Engilbert a été créée en 1361 et dépendait du prieuré de Commagny. Elle devint le siège d'un archiprêtré. Parmi les prêtres, retenons en 1554 Jean de Grandrye, 1570, Philibert Chauvelin, 1648, Jean Pougault, fils de Charles Pougault, notaire royal à Moulins-Engilbert et en 1772 François Isambert le jeune, fils François Isambert le chirurgien, qui fut également maire de Moulins-Engilbert sous la Révolution. En 1954, retenons l'abbé Gabriel Raveneau qui écrivit des ouvrages historiques sur Moulins-Engilbert dont un ouvrage, Moulins-Engilbert au Dix-Neuvième Siècle, a été récemment reproduit. Ville chargée d'histoire, quelques familles de marques jouèrent un rôle culturel, politique, économique, militaires et administratifs dépassant largement le cadre local : celles de l'écrivain Pierre de Frasnay, des de Chauvelin, des Alloury, des Guillier, des Robert, des Le Thort et, bien-sûr, des Sallonnyer dont l'un des descendants mit au point sous François Ier la fameuse technique du flottage des bois destinés à la ville de Paris. Certaines d'entre elles y laissèrent une empreinte encore décelable dans l'architecture actuelle : celle des de Cotignon dont l'une des maisons historiques peut encore être vue dans la rue Chaude ; celles des Sallonnyer dont l'hôtel particulier peut être vu de la rue des Fossés, flanqué de ses tourelles ; des Le Tort de Champcourt donnant sur la rue des Fossés, près de celle des Alloury ; celle des Alloury dont la maison peut encore être vue de l'autre côté de l'église ; celle des Ravary, rue Chaude, que l'on remarque encore, bien que défigurée, par ses fenêtres à meneaux prismatiques, contruite en 1787 à côté de celle du 16ième siècle ; etc... La motte féodale du Plessis, la maison de maître du Pavillon, ancienne demeure seigneuriale du 18ième siècle et ancienne possession des de Ganay après avoir été celle des Sallonnyer, le château de Villaines (14ième siècle), à 4 km vers Préporché, abandonné en 1792 par François Léonard du Crest et son épouse Jeanne d'Ivry, ses derniers occupants, actuellement possession de Jean-Louis de Quelen, et le château du Marry (16ième siècle), dans la moyenne vallée de la Dragne, acheté à M. du Clerroy par la famille Bonneau du Martray en 1804 (dont un représentant fut maire en 1851), actuellement possession de la famille Le Bault de la Morinière, et dont une construction est attestée dès 1176, sont encore d'autres témoignages très anciens ; sans parler du grenier à sel, attesté dès 1520, autour duquel s'organisait toute une fiscalité féodale - la gabelle -, place Lafayette ; sans parler du patrimoine religieux comme la collégiale fondée en 1378 par Philippe de Molins (1326 - 1409), évêque d'Evreux, sous Pierre VI de Dainteville, alias Jaucourt, évêque de Nevers, la collégiale ayant été incendiée en 1509 avec toute la ville, rattachée à l'eglise en 1792 et disparue depuis ; comme le couvent des Ursulines, fondé en 1635 et aggrandi en 1715, vendu à l'Etat en 1790, actuellement transformée en Maison de Retraite ; comme le presbytère, ancienne demeure des chanoines, située derrière l'église ; comme ce qu'il reste de l'ancien couvent des Picpus, fondé en 1629 suite à une donation de Gabriel Reullon, déjà bien en difficulté avant son démantèlement définitif en 1791 : il fut, au 19ième siècle, une propriété de Jules Miot, la famille Héricourt en étant actuellement proprétaire ; comme le prieuré bénédictin de Commagny, actuellement restauré, incluant l'église priorale Saint Laurent, qui relevait de l'abbaye de Saint-Martin d'Autun, fondé par Brunehilde en l'an 600 de notre ère : son activité religieuse, judiciaire, administrative et politique cessa dans le courant du 16ième siècle, puis les biens vendus en 1791 comme biens nationaux dans un triste état... à un agriculteur. Quelques personnages célèbres, natifs ou non de Moulins, ont marqué la vie de la ville et du pays : Philippe de Molins (1326 - 1409), déjà cité, fut un homme politique et religieux : il conseilla les rois Jean-le-Bon, Charles V et Charles VI et fonda comme évêque un chapître de six moines séculiers (voir la collégiale). Guillaume de Biches (1426 - ?) fit partie de la cour de Charles-le-Téméraire avant d'entrer dans l'entourage de Charles VII puis dans celui de Louis XI qu'il conseilla. En 1685 naît à Amiens, d'une famille originaire de Moulins-Engilbert, Germain-Louis de Chauvelin, marquis de Grosbois, qui allait devenir garde des Sceaux, secrétaire d’Etat aux affaires étrangères sous Louis XV de 1727 à 1737 : il engagea la France dans la guerre de la Succession de Pologne, avant d'être exilé en 1737 par le cardinal de Fleury, alors principal ministre, à Bourges puis en Auvergne, et meurt à Paris en 1762 ; indirectement, il fut aussi responsable de la défaite de Borgo, en 1738, suite au rachat de la Corse par la France au lendemain du traité de Versailles. Guillaume Thollé (1735 - 1805) : prêtre et homme de religion, il prète serment à la Constitution Civile du Clergé en 1791, participe aux mouvements sociaux de la période révolutionnaire et devient maire de Vandenesse en 1789 avant de présider aux destinées du Département de la Nièvre jusqu'en octobre 1793 où il fut emprisonné par Fouché. Critiqué par l'Eglise de Rome qui ne reconnaissait pas l'Eglise gallicane, il abandonne son sacerdoce de même qu'il démissionne avec tous les Consitutionnels lors de la signature du Concordat. Citons Xavier Garenne, né à Moulins-Engilbert en 1828 d’un père médecin : il fait fi des clystères et des seringues et s’essaye au droit, entre même dans la magistrature mais jette vite sa robe aux orties pour se retirer à Mazilles, près de Luzy où il se livre alors à de nombreuses recherches historiques et archéologiques et est le premier à reconnaître l’emplacement de Bibracte sur le mont Beuvray ; après la guerre de 70, il est élu maire de Luzy et après sa mort en 1882, Jacques-Gabriel Bulliot (1817 - 1902) poursuivra ses études sur Bibracte. Enfin, Jules Miot (1809 - 1883) : pharmacien, homme politique, guidé par l'idéal anarcho-socialiste, disciple de Blanqui, il participe aux évènements majeurs du 19ième siècle. Conseiller général puis municipal en 1848, puis maire la même année, il connaît très vite des démêlées avec l'Administration et est révoqué par le prefet en 1849. Elu député la même année où il siège à la Montagne, il connut bien des vicissitudes avec les autorités impériales, il est successivement déporté en Algérie, emprisonné, réfugié en Angleterre... Membre de la Commune de Paris en 1871, il fuit en Suisse pour échapper à la boucherie de Thiers et revient en France après la loi d'amnistie de 1880. Dans la même lignée idéologique, citons Amédée Dunois (1878-1944), que Moulins-Engilbert à "presque" scandaleusement oublié : natif de Moulins-Engilbert, humaniste et écrivain, il se donna à fond dans le combat syndical, participa au mouvement minoritaire pendant la première Guerre Mondiale, rentre dès 1940 dans la clandestinité en zone Nord à l'amorce de la Seconde Guerre Mondiale, se fait arrêter par deux fois par la Gestapo en 1943 puis en 1944, la deuxième allant lui être fatale puisqu'il sera déporté à Oranienburg puis à Bergen-Belsen où il mourra comme bien d'autres... Enfin, citons Jean Thibaudin, né à Moulins-Engilbert en 1822, décédé à Paris en 1905 : militaire, il fut notamment nommé ministre de la guerre en 1883, ayant servi comme colonel dans l'Armée du Rhin et dans celle de l'Est avant de passer général de division en 1882. Ville d'histoire donc, mais également ville à la géographie toute particulière. L'église et le village sont assis sur la zone bajocienne fossilifère entaillée par deux cours d'eau. En effet, deux cours d'eau, le Garat et le Guignon, se rejoignent à la partie aval d'un éperon rocheux sur lequel le château des comtes de Nevers s'est bâti, position "imprenable" du Sud et fort bien protégée par le Nord, ce qui ne dissuada pas des belligérants comme Charles le Téméraire et le Duc de Bourbon, envoyé par Louis XI, de s'emparer tour à tour de la ville en 1474 et 1475, au terme de la Guerre de Cent-Ans. Les cours d'eau et les douves entouraient les remparts, construits sous Marguerite de Flandre en 1386. La rue des Fossés, construite sur leur comblement et destruction, entre 1817 et 1850, épouse encore une partie de leur disposition dont il ne reste plus qu'une tour (sur les onze initiales) : elle fut achevée en 1838 après un chantier de trois ans. Il en va de même pour la Promenade et les trois ponts menant à la ville ancienne, représentant chacun une porte d'accès (porte du Guichet, détruite en 1760, près de l'ancien café Rougeron ; porte Notre Dame, détruite en 1817 ; porte Saint Antoine, détruite vers 1770 (les dernières pierres ont été déblayées en 1818), le pont menant aux Ursulines et au Faubourg Saint Jacques ayant disparu depuis avec le comblement du fossé et la construction du pont Rollin en 1773 à l'endroit du gué sur le Garat ; réparé en 1836, trop étroit, d'architecture trop fragile, il sera déclaré impropre aux convois lourds dès mai 1839, ceux-ci étant sommés de passer par le guet : on venait d'aménager la route de Châtillon en 1835 et la construction d'un nouveau pont beaucoup plus large et solide fut achevée en novembre 1839. Tous ces ponts étaient en bois, les ponts levis puis dormants ayant été remplacés par des ponts de pierre lors de la destruction des remparts, certains ayant été restaurés depuis. Sans oublier le pont de la rue Chaude sur le Guignon, qui a été reconstruit en 1833. Quant à l'Eglise Saint-Jean-Baptiste, elle a été dégagée de ses maisons attenantes, dont quelques unes étaient illégales, au 19ième siècle. Autour de ce centre, dont la Place Lafayette est l'aboutissement de bien des axes, appelée ainsi depuis 1831 en lieu et place de feu la place Notre Dame, les faubourg de James (qui brûla entièrement en 1706), de Bourgogne (faubourg qui, rue Chaude, brûla partiellement en 1774), les lieux-dits de Varennes, de Commagny et de son célèbre prieuré, de la Brosse, de Pont Cottion, de la Grétaude, etc, rappellent un habitat qui tend à la dispersion du fait de la multitude des points d'eau et autres marigots comme celui de la Lieutmer actuellement privé, jadis particulièrement profond et source de légendes et de superstitions, près des anciennes tuileries Radet : Jean Jaubert y tenait des réunions populaires à la gloire de Napoléon III. Cette dispersion se confirme surtout dans la campagne morvandelle vers le Bois de Chaume, les Champs Brideaux, etc. Champmartin, sur les pentes méridionales entre le Bois de Chaume et les Soulins, est un de ces "écarts" où, pour financer la reconstruction de Moulins-Engilbert après l'incendie de 1509, l'on développa des vignobles qui furent malheureusement détruits par des gelées et le phyloxéra à la fin du 19ième siècle. Le parcélaire s'en ressent encore, ponctué, à l'exception d'un chalet, de quelques modestes constructions actuellement fort délabrées. Ce vignoble n'était pas le seul car il en existait bien d'autres, notamment sur les collines de James et de Commagny, sur les hauteurs du Pavillon et au lieu-dit de Babize. Le réseau routier actuel et sa stratégie d'accès à la ville ne prennent forme véritablement que sous le second empire et c'est à cette époque - concrètement en 1842 - qu'est modifié le tracé de la route d'Autun avec une déviation à partir du Champ Laurier via l'ouche Bureau et la Corvée, évitant ainsi la Maladrerie et la rue Chaude devenue trop étroite, avec le tronçon de la rue des Groseillers au Guignon et le franchissement du Guignon entre la rue Coulon, ainsi également évitée, et l'ancien moulin Manchon, face aux remparts - ainsi fut tranchée, dès 1842, la controverse née en 1840 sur les accès par les rues Coulon ou Chaude ; le franchissement des douves à ce niveau interviendra trente ans plus tard avec la destruction complète des remparts et le percement de la place Lafayette par la rue du Marché, appelée ainsi du fait de la construction, en 1893, des halles actuelles sur son long, en lieu et place de l'ancienne maison Varennes, démolie à cette occasion. C'est aussi à cette époque que fut percée l'actuelle rue du Comice, en 1857, appelée ainsi en 1860 du fait de la célébration, en 1858, de la fête du même nom après qu'on l'eût dénommée "rue neuve" ou "rue nouvelle" : là aussi, il y eut une victime avec la destruction de l'ancien hôtel du Cheval Rouge. Les circulations augmentant, la destruction des remparts autorisa la création, en 1860, d'un espace que l'on appela abusivement "place" par la destruction d'une lignée de maisons qui bordaient le Guignon de chaque côté de la porte Notre Dame, elle-même détruite en 1817 à l'extrémité de la rue du même nom, et cette place s'appela du nom de l'ingénieur qui, après avoir construit le viaduc ferroviaire de Nevers en 1850, la conçut : Boucaumont. En fait, elle correspondait grosso modo à l'emplacement du fortin qui avait été construit en protection de la porte Notre Dame. Rappelons que la rue des Fossés fut construite entre 1835 et 1838 au moment de la destruction des remparts. L'impasse de la Tour, en fait sorte de venelle reliant la rue Saint Antoine à la rue des Fossés, a été percée en 1884 au terme de la destruction des remparts et, en particulier, d'une tour, d'où son nom, cela en vue d'éviter le détour par la porte Saint Antoine par rapport au nouveau pont Rollin, facilitant ainsi l'accès au centre historique : elle a été percée sur des parcelles de terrain achetées à Jean Graillot, sur lesquelles une maison a longtemps appartenu à la famille Isambert. Quant à la route actuelle de Château-Chinon, elle a été construite entre 1837 et 1838 dans la vallée de l'Escame, et vient en prolongement des "Promenades" construites entre le Guignon et les douves des anciens remparts : elle remplace l'ancien accès par le quartier Saint-Jacques et celui de la voie romaine de Château-Chinon à la porte du Guichet. Tous ces travaux de génie civil conférèrent largement à la ville sa configuration d'aujourd'hui. Un chemin de fer à voie métrique, qui remplaça la voie normale demandée par les habitants de Moulins-Engilbert en 1880 - le tacot, projeté entre 1907 et 1908 et les travaux réalisés peu après par l'entreprise Bouché avec une mise en service en juin 1910 - s'arrêtait au Pré Yvon, en lieu et place de l'actuel groupe scolaire, de l'autre côté du Garat : il fallait bien rompre l'isolement ferroviaire du canton à un moment où le ferroviaire l'emportait largement sur la route et il fut même question dans le projet initial de prolonger cette ligne vers Etang et Luzy par Villapourçon (78 km), et une voie ferrée reliant Panneçot à Autun via Moulins avait même été projetée en 1893 après le projet avorté de 1886 d'une ligne entre Panneçot et Moulins-Engilbert. Finalement, entre 1899 et 1900, le Conseil Général projeta un axe à voie métrique de Châtillon-en-Bazois à Issy-l’Evêque en passant par Tamnay, Moulins-Engilbert, Saint-Honoré-les-Bains et Luzy : comme on sait, les moyens n'ayant pas suivi les ambitions, cet axe ne devait jamais dépasser Moulins-Engilbert. Bref, géré par la Société Générale des Chemins de Fer Economiques (S.E.), ce chemin de fer définitivement inachevé mais dont le rôle économique a été avéré sur la section construite entre Tamnay et Moulins-Engilbert, cessa toute activité voyageurs en l'entre-deux-guerres, concrètement le 1er février 1933, et, bien que la décision fût prise en 1936 par le Conseil Général, ne fut fermé à tout trafique et démonté avec la vente des terrains et des rails qu'à partir de 1939... pour cause de manque d'argent : l'occupant se chargea alors de démonter les voies nivernaises restantes en 1941 avec la vente des rails aux fonderies du Creusot. La lenteur des convois ne résista pas aux performances de l'automobile conquérante et à l'amélioration du réseau routier principal. Mise à part la gare qui a été actuellement transformée en école maternelle, on en voit encore quelques traces dans le parcélaire actuel, notamment par des alignements d'arbres bordant une plate-forme en déblai ou en remblai. Il gravissait de ses rails Vignole les pentes à l'instar de la route de Châtillon qu'il traversait à la limite des dernières maisons du faubourg Rollin avant de rejoindre, en la longeant, la route de Chamnay le long de laquelle fut construite une halte près du Pavillon, et de la traverser à son tour pour se faufiler à travers champs et bois en contre-bas du château du Charmois, vers Vauvelle. Ainsi reliait-il sur douze kilomètres (12 km) Moulins-Engilbert à Tamnay, lieu de passage de la ligne CCFD (Compagnie des Chemins de Fer Départementaux) puis PLM de Corbigny à Cercy-la-Tour, également lieu de rattachement de la ligne de Château-Chinon à Tamnay, toutes lignes gérées dès 1939 par la S.E. puis la CFTA avant d'être partiellement reprise par la SNCF le 1er juin 2000. Il faisait partie de tout un ensemble de chemins de fer économiques à voie métrique reliant Nevers à Saint-Saulge, Châtillon-en Bazois et Corbigny, et dont on peut encore voir l'entrée principale à Nevers en l'ancienne gare du Tonkin, actuellement au square René Chatout, près du Boulevard de la République, la ligne contournant alors la ville par le Nord le long des anciens remparts (les actuels boulevards Jérôme Tressaguet et Delattre-de-Tassigny), en empruntant la rue des Docks et celle du Chemin de Fer (l'actuelle rue de Charlesville en est la récupération partielle) dont l'aboutissement était parallèle à la gare du P.L.M. Les
nouveaux quartiers pavillonnaires, datant des années
soixante et soixante-dix, s'étendent au Sud et Sud-Ouest, vers le Pré
Yvon et sur la route de Limanton, avec la construction, entre les années cinquante et quatre-vingt,
des groupe scolaire (collège, écoles primaire et maternelle), trésorerie et bureau de poste
actuels, la transformation de l'ancienne gare du tacot en école maternelle, et, vers l'Ouest, en remontant la route de
Châtillon jusqu'à la Motte, en contre-bas de la ferme du Pavillon, lieu-dit d'une ancienne seigneurie : de nouvelles habitations y ont été récemment construites, notamment entre le Pavé et la Motte. D'autres constructions neuves ont été signalées ces vingt (20) dernières années sur la route du Bois de Chaume, celle du Domaine du Loup et, ces dernières années, près du Guignon, soit dans les parties basses de La Brosse, en aval du barrage de l'Escame. Une zone
d'activité artisanale a été développée aux Ichards, le long de la route de Châtillon et vers les Levées, avec notamment le fameux
Marché au Cadran qui est un marché aux bestiaux de
renommée internationale. Celui-ci fut construit en 1983 sur le modèle du marché de Guerlesquin (Finistère) qui, ironie du sort, à depuis fait faillite et fait désormais partie des cinq (5) marchés organisés de Lamballe (MOL) avec une activité réduite de 350 bovins environ tous les quinze jours. Sur la place moulinoise, la commercialisation des ovins se fait le lundi et celle des bovins le mardi de chaque semaine. Ce marché au cadran est devenu progressivement la plaque tournante du commerce du charolais, en France mais aussi au-delà des frontières de l’Hexagone. Premier marché de France à carte verte et exportation directe, il regroupe chaque année plusieurs dizaines de milliers de bête, du broutard aux taurillons en passant par les génisses, les brebis ou encore les caprins. Ce marché au cadran, dont l'activité s'accroît d'année en année, doit prochainement faire l'objet de travaux d'extension dont le but est de diminuer de près de moitié la durée du marché du mardi, qui devrait être achevé à 14 h au plus tard. Suite à la construction de la nouvelle route d'Autun en 1842 (*), un Champ de Foire a été aménagé au 19ième siècle (1857), entre le Guignon, le Garat et les anciens remparts, en lieu et place d'anciens prés et jardins. Pour ce faire, les deux cours d'eau ont été déplacés, un des bras-déversoirs du Guignon vers l'Est, vers le faubourg de James, et le Garat vers le Sud par le comblement du lit qui passait en contre-bas des tanneries. L'espace ainsi dégagé, entouré d'eau, d'arbres et de prés se prêtait fort bien à l'exposition des animaux, environ six fois par an. Les animaux vendus, certains étaient expédiés via le tacot tout proche, dont la construction semble avoir été lié à la présence de ce marché puis, celui-ci disparu, par camion, vers des contrées voisines. Jusqu'en 1983, il a précédé la fonction du Marché au Cadran actuel. Ce Champ de Foire est actuellement siège de divers concours agricoles et autres fêtes foraines et folkloriques. La plupart du temps, il sert de parking aux clients de la Moyenne Surface qui s'est installée à proximité, le long du Guignon. La caserne des pompiers a récemment été construite tout à côté de cet espace, le long du Garat. Une foire commerciale a lieu tous les premiers mardis de chaque mois et envahit tout le centre ville, notamment les Promenades, la Place Lafayette et le Champs de Foire. Elle est le prolongement historique de la Foire aux bestiaux qui, s'essoufflant vers la fin des années '70, fut reprise par la SICAFOME actuelle ( Marché au Cadran ). Elle est aujourd'hui l'occasion d'un important rassemblement des populations des communes avoisinantes, qui viennent faire affaire et, tout simplement, se rencontrer. Une brocante à lieu en été, le dernier week-end de juillet ou début août, suivant les années. La fête du Comice Agricole est l'une des manifestations folkloriques et culturelles les plus spectaculaires de Moulins-Engilbert. Célébrée tous les six ans, les dernières eurent lieu en 2002 et 2008 et rassemblèrent des foules considérables. Une autre fête est d'initiative récente et retrace une manifestation saisonnière, au demeurant très ancienne, propre à la vie agricole des siècles passés : la fête de la Louée qui a lieu au mois de juin de chaque année, qui donne l'occasion d'exposer à qui veut en savoir plus des modes de vie d'antan, les vieux métiers du Morvan et du Bazois : elle est la reprise de la louée qui, avant même la Révolution, correspondait à la fête patronale de la Saint-Jean-Baptiste, à savoir le 24 juin. D'autres manifestations sportives ont lieu en été comme le Raid Equestre d'Endurance, qui est une épreuve internationale, et "les 100 km du Morvan" qui sont une épreuve pédestre passant par la commune. Enfin, épisodiquement, vient à passer le Tour de France, comme celui de 2010 qui, sur son étape numéro 6 de Montargis à Gueugnon (227,5 km), passa par Moulins-Engilbert et Saint-Honoré. Reste le 14 juillet, fête nationale en France, qui donne lieu à une fête foraine, à une retraite aux flambeau précédée d'une fanfare qui, après avoir sillonné les principales rues de la ville, amène la population rassemblée au stade où, la nuit tombée, un feu d'artifice conclut la soirée. La ville, qui a fait un réel effort de rénovation de ses rues principales et de décoration, notamment avec les opérations "Coeur de Village" au Point-I et autour de la Gare Routière (l'actuel quartier du Moulin), sans parler de l'initiative restauratrice de certains particuliers, est relativement bien équipée en commerces, banques et artisanat, ce depuis fort longtemps. Mais la petite industrie traditionnelle qui existait jusqu'au début du 20ième siècle avec le textile et la chapellerie, le fendage des merrains pour la tonnellerie, la taille des pierres, notamment aux carrières de James, des selleries, des armureries, des taillanderies, des tanneries, fours à chaux, poteries, briquetteries et tuileries, a depuis longtemps nettement cédé le pas sur la fonction agricole et l'artisanat commercial. Les mouvements de concentration des moyens de production contribuèrent beaucoup à l'appauvrissement de la diversité des activités économiques et de la pluriactivité caractéristique des populations rurales d'alors. Les crises agricoles et industrielles successives, les deux guerres mondiales, sans possibilité de reconversion sur place du fait de cette perte de diversité, ont provoqué depuis 1886 un exode qui vient tout juste de s'estomper : Moulins-Engilbert avait à cette date 3545 habitants... Certains diront que la commune, qui a reçu des propositions, n'a pas saisi au bon moment certaines opportunités de développement autres qu'agricoles. Les lots disponibles à l'implantation de nouvelles activités artisanales et industrielles sont très faibles. Cette attitude timorée s'est malheureusement répétée avec le refus, en 2003, de trois communes rurales sur les dix du canton de se "mutualiser" au sein d'une communauté de communes. Ce fait irrita suffisamment le président du Conseil Général qui, au cours d'une réunion cantonnale le 24 mai 2005, en fit état publiquement devant un auditoire de citoyens élus ou non : la plupart des communes de la Nièvre s'étaient déjà constituées en Communautés de Communes. La remarque porta sans doute ses fruits... puisque la Communauté de Communes, du nom de Sud-Morvan, fut finalement créée le 13 décembre 2005 après une difficile gestation, ce à l'initiative du Conseil Municipal de Sermages, pour réunir les communes de Maux, Montaron, Moulins-Engilbert, Sermages, Préporché, Vandenesse et Villapourçon. Signalons qu'Albert Rabion, du temps de son mandat de maire à la fin du 19ième siècle, soulignait bien déjà que Moulins-Engilbert avait tous les ingrédients intellectuels et socio-économiques pour devenir un centre important. La Maison de l'Elevage et du Charolais informe, en tant que "Maison à Thème" de l'Eco-Musée du Morvan, les visiteurs du passé et de
l'actualité du métier d'éleveur-naisseur de la race
charolaise en milieu semi-montagnard, et donc de son
évolution dans une économie qui se mondialise. Cet éco-musée organise régulièrement, dans le cadre de l'Eco-Musée du Morvan, des réunions à caractère littéraires et artistiques, en association avec le Parc du Morvan et les municipalités hôtes du réseau. Les
crises, récentes, de l'E.S.B. pour les bovins, de la
fièvre aphteuse pour les ovins, ont largement entamé
l'optimisme des éleveurs avec la baisse des cours,
épine dorsale de l'économie locale, ces éleveurs
déjà d'ordinaire bien malmenés par les caprices de la
météo (orages, sécheresse, canicules, gelées
tardives, etc). Sur le plan social, sanitaire et
médical, hormis le Foyer de Vie, le seul établissement d'importance est la
Maison de Retraite "Sud Morvan" qui a pris possession de la totalité des locaux de l'ancien
monastère des Ursulines après le déménagement de la Mairie en 1983, une des dernières administrations à avoir quitté les lieux conventuels. Cette institution, maintenant publique, est la perpétuation d'une tradition hospitalière et caritative très ancienne dans la ville et attestée dès le 13ième siècle par deux établissements : une léproserie qui a fort heureusement disparu depuis longtemps dans le quartier extérieur qui en a gardé le nom (la Maladrerie), rattachée à l'Hôtel-Dieu en 1696, d'une part, et un Hôtel-Dieu qui existait près de la porte Saint-Antoine en lieu et place du monastère actuel, construit plus tard, en 1635, Hôtel Dieu qui en est l'institution d'origine, d'autre part. Cette institution déménage en 1661 dans le quartier Rollin en attendant le choix, en 1665, d'une maison située à l'angle du faubourg de James et de la rue des Fossés, en vue d'une installation effective en 1698 ; car l'ancien hôpital-hospice ne doit historiquement son premier départ que grâce à des fonds apportés en 1661 par une soeur ursuline de Moulins-Engilbert, soeur Léonarde Lardereau, à savoir environ 500 livres, le bâtiment ayant été aménagé finalement en 1725 sur les fonds d'un médecin de l'époque, qui fut également maire, noble Léonard Save. Jusqu'à la Révolution, cet hôpital vivra de dîmes et de droits féodaux provenant essentiellement du domaine rural de la Petite-Sauve, vendu en 1793. François Guillier de Montchamois, par ailleurs lieutenant et grenetier de la châtellenie de Moulins-Engilbert, en fut l'un des administrateurs les plus connus, en 1788. L'hospice vivotera par la suite de dons divers, bien vite absorbés par les charges, et les soins sont le plus souvent dispensés à domicile. En 1824, l'hôpital reçoit une donation de 20.000 frs du Marquis de Leusse, André Emmanuel, suivi d'un autre don, anonyme celui-ci, transmis par le maire, de 8.000 frs, d'où une amélioration considérable des soins et des services : on y compte jusqu'à six lits... Les locaux, en mauvais état, s'avérant trop petits par rapport à des besoins grandissants, on pense à construire une extension sur les terrains voisins de l'ancien cimetière datant du décret impérial du 12 juin 1804 et qui a été désaffecté suite à l'inauguration, en 1825, du nouveau cimetière le long de l'ancienne route de Château-Chinon (l'actuelle rue des Levées). En 1839, l'hôpital-hospice de la rue des Fossés intègre le couvent des Ursulines, entre temps devenu bien national en 1790 et vidé de ses religieuses dès 1792 pour être réoccupé par des associations, une armurerie, une imprimerie et les principales institutions de la commune, du canton et de l'arrondissement, sans parler d'un petit séminaire. Moulins-Engilbert, ville d'histoire, ville aux vieilles traditions, ville d'architecture ancienne, ville également d'artistes : nommons les seulement avec Wilfried PERRAUDIN (né à Moulins-Engilbert en 1912, décédé à Palma de Majorque en 2006), qui vécut à Fribourg (Allemagne) où il est actuellement enterré avec son épouse, André LOTHE (1885 - 1962), un des maîtres du cubisme, natif de Bordeaux mais dont la souche familiale est Moulinoise, et Henri CADIOU (1906 - 1989), le peintre du trompe-l'oeil, fondateur du mouvement "Regain", ayant exposé à Nevers ; il fonda un Centre d'Art graphique et trouva en la ville, qu'il fréquenta de 1935 à 1988, une partie de son inspiration : il laissa son nom à une partie de la route d'Autun - route ainsi rebaptisée en 2001 où il acheta en son temps l'Hôtel de l'Agriculture (transformé actuellement en résidence secondaire). <Page précédente> <La commune vue de satellite> <Voir les lieux-dits de Moulins-Engilbert> <En savoir plus> |
Commune de MOULINS-ENGILBERT |
Nom du maire : JACQUES GUILLEMAIN
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