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Sermages, vue du château de la Vaudelle
Une lecture attentive des photographies aériennes prises au-dessus de la commune de Sermages, entre Château-Chinon et Moulins-Engilbert, nous apprend que l’établissement humain dans cette région est très ancien et s’articule encore actuellement autour d’un grand axe routier connu des seuls promeneurs : la voie gallo-romaine reliant Château-Chinon à Moulins-Engilbert. Cette voie, qui existe toujours, empruntée parfois par le réseau routier actuel, démarrait de l’actuelle rue Louis Gallois à Château-Chinon, descendait dans un ravin près des Roches de Courvault jusqu'à Champcheur. De là, elle traversait le Garat pour rejoindre Mouasse et les Maillards, traversait le Guignon pour remonter sur les collines sous-morvandelles en passant près des Reuillons pour redescendre, entre les Soulins et le Bois de Chaume, droit sur Moulins au lieu-dit de la Corvée sans qu’on sache exactement si l’issue finale en était la porte du Guichet. Toujours est-il que les premières villas s’y établirent - ce furent sans doute des Sermates - et bon nombre de fermes s’y sont construites au cours des siècles suivants, sur son long ou à proximité. Ces Sermates donneront le nom de Sarmaticum à l'origine du toponyme actuel de Sermages. Ces Sermates seront également à l'origine d'autres lieux-dits comme Sermaise (Nièvre et Saône-et-Loire) et Sermoise (Aisne et Yonne).
Cette véritable épine dorsale, délaissée par l’axe routier actuel qui passe beaucoup plus bas dans les vallées du Guignon et du Garat, et se termine vers Saint-Hilaire, explique pourquoi l’on ne passe plus vraiment par Sermages ni, du reste, par les Maillards et autre Villacot, noms qui ont pourtant sonné bien des fois dans l’histoire locale du temps où la famille Le Tort régnait en maîtresse de ces lieux. N’oublions pas aussi que cette voie servit aux armées de Charles le Téméraires et à celles de Louis XI pour s’entre-déchirer en 1475 pour de ténébreuses questions de pouvoir. Car, pour établir une liaison avec un seigneur de Châtillon-en-Bazois allié à la cause bourguignonne, dans ces vertes collines, on se battit aussi non loin de Sermages, précisément à Guipy près des Maillards, l’agglomération la plus importante de la commune actuelle. Les Seigneurs de Villacot, la famille Le Tort, y était protégée du comte de Nevers. La famille des De Cotignon avait des terres sur Sermage dès le 15ième siècle et régnait sur le Moncey. Il était donc politiquement intéressant d'en découdre avec ces fiefs hostiles au duc de Bourgogne. Résultat : deux-milles morts et deux-milles prisonniers le 20 juillet, et les troupes burgondes en déroutes, poursuivies jusqu'à Moulins-Engilbert et Châtillon-en-Bazois par les troupes de Louis XI. Entre autres belligérants, le seigneur de Reugny y fut fait prisonnier, avec bien d'autres de son rang, comme Jean de Damas, alors seigneur de la Montagne, fait chevalier de la Toison d'Or en 1468 par Charles le Téméraire, ce dernier par les armées de Louis XI.

Car des fiefs, il y en avait. Chaumes, Sermages, Villacot, Champmartin... obéissaient au comte de Château-Chinon, le duché de Bourgogne ayant été rattaché au Royaume de France peu de temps après la mort de Charles le Téméraire. Les Ursulines de Moulins-Engilbert, qui, en 1770 avaient aquis notamment les justices de Chaumes, de Villacot et de Sermages, en percevaient une partie des dîmes, système qui perdurera pratiquement jusqu'en 1789. Le Moncey, qui dépendait sous les Cotignon du duché de Nevers, situé près du point culminant de la commune (vers 450 m), appartint successivement aux familles de Champs de Saint-Léger et Gaucher de Champmartin. Les maîtres ayant émigré sous la Révolution, le domaine fut vendu à l'Etat comme Bien National. Quant à la famille de Saint-Léger, elle fut longtemps propriétaire du Château de Mouasse, sur la commune voisine de Saint-Hilaire en Morvan.

Si l’essentiel de la population et des habitations s’organise encore, dans leur grande dispersion, autour de cet axe, donc en grande partie sur les collines sous-morvandelles pas trop accidentées et bien arrosées pour être déboisées et exploitées, on ne peut en dire autant des franges occidentales et orientales de la commune actuelle.

A l’Ouest, passé le Bourguérault, les ondulations granitiques qui séparent vers 330 m la vallée du Garat de celle du Guignon, restent couvertes des forêts. Il n’y a pratiquement plus personne jusqu'à Chamnay, sur la commune de Maux, de l’autre côté du Garat qui en fait la limite communale. Le Domaine du Loup, sur la commune de Sermages, n’est qu’une exception qui fait la règle et n’est actuellement relié que par une route reliant ce seul Domaine à Moulins-Engilbert : elle épouse cette ligne de crêtes qui, de la Fontaine au Bœuf, s’affine stratégiquement entre les deux rivières jusqu'à l’éperon rocheux du Château de Moulins-Engilbert.

A l’Est, la faiblesse des implantations humaines tient surtout des contreforts accidentés du Morvan : la cascade du Croc de l'Ours, sur le Guignon, à l'Est du Champ Cougnard, en est la première dissuasion. On ne s’y aventurait guère sauf pour y puiser le bois selon un droit d’usage établi depuis la période seigneuriale, les fonds de vallée étant occupés par des prés, des cultures et des moulins. Les implantations humaines, notamment vers Saint-Léger de Fougeret, furent plus tardives, au moment de la recolonisation du Morvan, soit vers le 14ième siècle.

Pays verdoyant, commune morvandelle aux architectures typiques de la région, fermettes et manoirs à toit à longs pans, parfois encore avec un escalier extérieur menant aux combles, Sermages fait maintenant partie, depuis 1997, du Parc Naturel Régional du Morvan (Décret no 97-430 du 28 avril 1997). Pendant longtemps, ce fut la patrie d'enfance de Georges Mathé (né à Sermages en 1922), cancérologue bien connu, un des créateurs de l'INSERM, lequel ne se priva pas, dans ses retours plus que fréquents au pays, d'apprécier dans une préface de l'ouvrage de Jean Daché paru en 1979 sur le canton de Moulins-Engilbert, la valeur écologique de la région. Pays des moulins, des manoirs, des croix : sur les hauteurs à l’Est de Sermages, le Moulin au Foivre datait d’avant le 18ième siècle bien qu’il n’y ait plus actuellement d’activité au lieu-dit du même nom ; le Moulin de Sermages, ancien moulin à eau sur le Guignon, fut tenu par la famille des Balandreau de 1682 à 1902... Le Moulin de Villacot, sur la même rivière, date du 14ième siècle et, en 1926, il produisait jusqu'à 18 quintaux de farine. C’est dire que la meunerie a joué, comme à Moulins-Engilbert, un rôle de premier plan dans nos campagnes aux multiples cours d’eau. Parmi les manoirs, citons ceux de la Vaudelle (construit en 1810, vers Mouniot, par Charles-François Salonnyer de Varennes (? - 1851), ancien Emigré, Chavalier de Saint-Louis, avant d'échoir en 1834 à la famille d'Ennery, d'origine écossaise, Edouard-Jacques (Joseph) d'Ennery de la Chesnaye en étant le châtelain), et du Moncey (18ième siècle, ancien fief de la famille de Cotignon qui passa de la maison de Champs de Saint-Léger à Henri Gaucher de Champ-Martin), construit sur le flanc d'une moyenne montagne, dont le Guignon baigne le pied. Parmi les croix, citons celle, sculptée, de la Grange Tirault (1863), représentant un Christ et un ange.

L’activité principale est maintenant l’élevage : pays naisseur essentiellement - les naissances bovines étant liées à l’exportation vers les régions d’embouches (Charolais, Bas Nivernais, Berry...). Une douzaine d’exploitations sont dédiées à cette activité. Les carrières de porphyre - dite carrière de l'Escame, gérées par l'entreprise Bézille -, en marge méridionale de la commune, vers Moulins-Engilbert, ne sont que l'exception qui confirme la règle ; le 18 septembre 2006, demande avait été faite par M. Mathieu Nappez, agissant en qualité de chef d’établissement de cette entreprise, en vue d’obtenir le renouvellement, l’extension et la modification de l’autorisation d’exploiter cette carrière, ainsi que l’autorisation d’exploiter une installation de concassage-criblage de matériaux naturels, l'enquête d'utilité publique ayant été déposée auprès des mairies de Sermages, Moulins-Engilbert, Limanton et Maux. Sur le plan social, Sermages est l'une des rares communes rurales à disposer d'un Centre Communal d'Action Sociale, celui-ci étant essentiellement géré par des bénévoles (C.C.A.S.). Le maire actuel de Sermages est également, depuis février 2006, président de la Communauté de Communes Sud Morvan dont la création, le 13 décembre 2005, l'a été à l'initiative de son Conseil Municipal, suivant une délibération du 14 octobre 2005, et ratifiée par l'arrêté préféctoral 2005-3591bis du 16 novembre 2005.

Bien que paroisse, Sermages, ancienne possession seigneuriale au 14ième siècle d’Alexandre de Villescot, écuyer, actuellement village coquet et bien fleuri, composé essentiellement de fermettes, n’est pas l’agglomération la plus importante : en haut du village, l’église Saint-Pierre, propriété de la commune, d’origine romane, a été remaniée aux 16ième et 19ième siècles. Les clocher et chapelles datent de la fin 15ième siècle, début 16ième siècle. La chapelle occidentale, qui en porte la date, a été construite en 1854, la nef voûtée en 1863. le bâtiment est fait de voûtes d'ogive et en berceau, un toit d'ardoise à longs pans et la flèche du clocher, polygonale. A la Révolution Française, on démonta une de ses cloches pour l’Eglise de Château-Chinon. L’affaire, qui sous-tendait des rivalités entre notables, ne se termina qu’en 1821 avec son remboursement par la municipalité de Château-Chinon. En 1842, la paroisse de Sermages, alors rattachée à la paroisse de Moulins-Engilbert sous le Concordat après avoir dépendu des anciens comté et paroisse de Château-Chinon, et qui, administrativement, n'était qu'une section de la commune de Moulins-Engilbert, prend le statut de commune à part entière, cette dernière étant alors rattachée au canton de Moulins-Engilbert. En 1906, soit un an après les lois de séparation de l'Eglise et de l'Etat, les habitants s’opposèrent à l’inventaire de l’Eglise qui abrite toujours en son sein des peintures italiennes de Giovanni Guerardini et, en coupole, la plupart des saints. Près de l'église, une maison abrita jusqu'en 1906 trois soeurs de la Providence de Besançon et une autre, perchée sur une butte dans un jardin clos, fut la dernière résidence des curés de la paroisse. Un pélerinage à Notre Dame de la Salette, dont la statue peut se voir à la pointe extérieure du toit de l'église, et dont l'abside construite en bout de nef abrita la chapelle dès 1854, y était régulièrement organisé. Et, en 1981, le clocher de Sermages figura en bonne place sur les affiches électorales de François Mitterrand.

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